DÉPASSER LE SALARIAT ? Ne pas vouloir produire de merde pour le capital. Récuser les institutions du marché du travail, de la propriété lucrative, du crédit…Tout cela est une attitude politiquement extrêmement importante. (PARTIE 1)

Depuis plusieurs décennies, le salariat en Belgique, comme en Europe, est confronté à une offensive multiforme : Mesures d’austérité salariale, affaiblissement du droit du travail, précarisation des statuts. Faut-il en sortir ? Faut-il le défendre ?

Qui crée la richesse ? C’est une question centrale. Qui crée la richesse ? Nous, on considère que ce sont les travailleurs qui créent la richesse et donc, il est normal que l’on se réapproprie ce que l’on a créé. Cela, c’est le principe de base.

Pourquoi est-ce qu’il y a du crédit dans le capitalisme ? Parce que ceux qui investissent sont ceux qui viennent de piquer. Le capitalisme en 30 secondes : je suis propriétaire de l’outil, je ponctionne une partie de la valeur que tu produis, je l’accumule dans des centres d’accumulation. Ensuite, je te prête ce que je viens de te piquer et tu me rembourses. Je te pique. Je te prête ce que je t’ai piqué. Et tu me rembourses.

Moi, quand j’ai des travailleurs sans papiers qui viennent ici en Belgique et que j’ai le secrétaire d’Etat (et qui est premier en popularité en Belgique, Francken) qui dit :  on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Mais qui en même temps cautionne les multinationales (dont certaines avec des appartenances belges) qui viennent créer la misère dans le monde et qui force les gars à devoir tout quitter. Oui, ce sont des combats essentiels à mener et on doit les mener.

Le salaire à vie, c’est un droit politique qui enrichit la citoyenneté. Citoyenneté réduite aujourd’hui au droit de vote et d’éligibilité. On voit dans quel état elle est. Elle est dans un état de coma profond. Et il faut absolument enrichir la citoyenneté puisque à quoi bon voter puisque cela ne change rien sur le travail. C’est à dire sur ce qui est le fondement même de notre existence. Donc, le salaire à vie, c’est quelque chose qui est un droit politique, qui enrichit la citoyenneté pour nous poser comme souverain sur la valeur économique.

 

Bernard Friot, Professeur émérite de l’Université Nanterre-Paris 10
Marie-Hélène Ska, Secrétaire générale de la CSC (Confédération des Syndicats Chrétiens)
Jean-François Tamellini, Secrétaire fédéral FGTB (Fédération Générale du Travail en Belgique)
Cedric Leterme, membre de Riposte.CTE (Chômeurs Travailleurs Engagés)

 

Rencontre organisée par ECONOSPHERES