ON SORT DES VILLES, et j’enfourche ma bécane de métal car j’ai rendez-vous avec JACQUES L’INDIEN (c’est comme cela qu’on le nomme parce qu’il a vécu 10 ans en tipi) dans le fin fond des Ardennes belge. QUAND JE SUIS DANS LA NATURE, JE NE ME SENS JAMAIS SEUL. JE ME SENS CHEZ MOI. JE DORS LA NUIT DANS LES BOIS À LA BELLE ÉTOILE ET JE ME SENS SUPER BIEN.

Je suis revenu en ville dans un état d’ouverture et j’ai reçu la ville comme une gifle. Le bruit, les odeurs de gaz à échappement, l’agitation, le stress, la laideur de certains endroits. Tout ça, je le ressentais plus fort que d’habitude. Et je me suis dit : Mais bon Dieu, je perds ma vie ici. Je perds mon temps. Qu’est-ce que je fais ? Il y a tellement de merveilles dans la nature. C’est décidé, je retourne vivre dans la nature en tipi. C’était le désir de vivre dans la nature et d’essayer de redécouvrir des moments de grâce extraordinaire comme ceux que j’avais vécus.

Moi, je pense qu’un des grands obstacles, c’est notre mental. Notre éducation est basée (à je ne sais combien de pour cent) sur le mental. Or, nous ne sommes pas que ça. Il y une part des émotions (affectives, sensitives…). On a le raisonnement logique mais on a un cerveau qui peut fonctionner aussi analogiquement. Ce n’est pas la même chose. Les raisonnements sont déjà plus proches de ce qui est sensitif. Nous ne sommes pas faits que d’un élément. On a un corps et on l’oublie trop. Le mental, nous coupe du corps et du senti. Dès le début de l’éducation. Dès le début de l’école primaire, on apprend à rester assis pendant des heures sans bouger alors que cela n’est pas naturel pour des enfants. Je pense qu’une des raisons de la déconnexion avec la nature vient de là. Dans le fait, que nous avons appris à développer nos facultés mentales au détriment du reste. Mais, ça peut se retrouver…

Avant que je ne vive en tipi, aller seul dans les bois la nuit, je ne me sentais pas à l’aise. Évidemment, je me fond dans la nuit. Je n’utilise pas de lampe. Je marche sans bruit. L’endroit que je choisis pour dormir et bien personne ne sait que je suis là. Donc, on ne va pas venir m’embêter. Et, on ne peut pas le savoir puisqu’il n’y a rien qui manifeste ma présence. Des animaux dangereux (en Belgique bien sûr), il n’y en a pas. Le sanglier, peut-être dangereux, oui si je suis entre une mère (laie) et son petit (marcassin). Sinon, le danger peut-être un braconnier qui me prend pour du gibier et qui me tire dessus.

Ce qui était bien avec le tipi, c’est que j’étais obligé d’une certaine manière de développer le contact avec la nature. J’ai appris à deviner le temps qu’il allait faire au niveau de la météo. J’ai eu aussi un vieux paysan du coin qui m’a montré pas mal de choses. Des signes de la nature qui montrent comment le temps va évoluer.

JACQUES L’INDIEN