« ON A BESOIN DE RADICALITÉ DANS LE COMBAT AUJOURD’HUI. CE N’EST PAS ON LÂCHE RIEN, C’EST ON LÂCHE PAS. C’EST : NON. ON OCCUPE. ON BLOQUE ET S’IL LE FAUT, ON SE DÉFEND. » 

Moi, j’aime bien ce terme-là, faire bouger les lignes. Et oui, je pense qu’il y a plein d’endroits dans le monde associatif-institutionnel-financé où on fait bouger les lignes. Mais ça ne suffit pas. Clairement. À côté, je suis aussi militant, activiste et je fais de la désobéissance civile. Je pense que c’est une combinaison de tout ça en fait.

Je trouve que l’on passe trop de temps – même s’il faut le faire aussi – à « chicaner » entre nous sur ce qui nous divise, alors qu’il y a pas mal de choses qui nous rassemblent.

Les lignes syndicales commencent timidement à se rendre-compte qu’ils ne sont pas le centre du monde et des mouvements sociaux. Qu’il y a d’autres manières de faire. Oui, ça bouge lentement pas assez vite. Mais bon…

De mon point de vue, il [secrétaire général de la FGTB] avait un discours classique de réformiste-mainstream des syndicats d’aujourd’hui. Qui sont ce qui sont. Avec une histoire sociale construite depuis plus de 1 siècle. Il y a quand même une prise de conscience que le monde a bougée. Les clivages ne sont pas les mêmes qu’il y a 15, 20, 30, 50 ans, 1 siècle…Les clivages gauche-droite sont en train aussi de bouger. Puis, la donne écologique s’est invitée dans tout ça et ils sont quelque part les « tampons » du système. Ils sont coincés. Et ils le savent. Ils gèrent l’héritage d’1 siècle et demi de capitalisme débridé qui s’est imposé partout sur la planète. Ils gèrent les conséquences surtout sociales de ça et puis vient s’inviter la question écologique. [Puis] Les nouvelles formes de mouvements sociaux qui s’imposent et qui ont d’autres visions du monde. [Puis] D’autres discours. Plus radicales. Ils aimeraient aller vers ça, mais structurellement, ils sont coincés. Ils font partie du système.

On a besoin aussi des gens qui font uniquement des réformes et l’on a besoin de mouvements, de groupes, de discours beaucoup plus radicaux. Je n’ai pas envie de les opposer. J’ai envie de les compléter. Parce que qui sait ce qu’il faut faire aujourd’hui, qui a la solution ? Il faut essayer…

SEBASTIEN KENNES – ILLUSTRATION DE A.L. CREGO : https://alcrego.tumblr.com