TOUT SE TIENT. À L’ÈRE DU CORONAVIRUS, POSONS-NOUS DES QUESTIONS SUR NOTRE ALIMENTATION. D’AUTRES N’ONT PAS ATTENDU…(PARTIE 2)

17 % des céréales sont utilisées pour la nourriture. Le reste est pour les agrocarburants et le bétail. Et ça, il y a très peu de gens qui le savent. Et aussi c’est peut-être quelque chose qui peut orienter les réflexions vers l’avenir…ce serait vraiment de privilégier la viande rouge parce que ce sont des herbivores. Ils ne bouffent pas de céréales.

Nous nous posons des questions sur le devenir de nos fermes. Sur la rentabilité, la transmission. Quel futur pour notre région ? Quel futur pour notre humanité ? Tout se tient. Nous n’avons qu’une planète. Il ne suffit pas de manger local, mais il nous faut savoir comment on produit, quel impact sur les générations futures ?

Tous les paysans du monde sont mis en compétition. Plus de 80% des cultivateurs de l’Afrique – un peu moins en Asie et en Amérique latine – travaillent toujours en culture manuelle. Or, nous sommes tous en compétition les uns avec les autres dans tout cela.

Le rapport de productivité entre l’agriculture la moins productive et celle plus productive est toujours de 1 à 500. Et ‘il faut se rappeler que la fonction première de l’agriculture est une fonction nourricière. Je considère, moi, que le libre-échange actuel est contraire à la souveraineté alimentaire. Pourtant elle devrait être l’objectif de tous les peuples.

85 à 90 % du lait est autoconsommé dans l’Union européenne. Donc, par les pays. Mais en effet, la priorité de la commission pour le moment et des instances de l’Union est de développer l’exportation. Et la nouvelle présidente : Madame Ursula Von der Leyen, nous a bien expliqué dans sa première déclaration : « Nous voulons une Europe plus verte et ouverte sur le monde. » Donc, elle veut toujours mettre en priorité le grand export. Et les récents accords de libre-échange actuels (CETA, le Mercosur, le Japon, le Vietnam, etc., et d’autres en négociations) sont dans cette direction.

Cette orientation amène une mise en concurrence. Elle amène une volatilité des prix qui est insoutenable pour les éleveurs. Une ferme a besoin d’une vue sur le long terme pour faire ses choix. Dès lors, cette orientation est vulnérable à plus d’un titre.

Le contexte géopolitique est plus qu’incertain. Nous avons actuellement une guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. Et tout peut arriver avec un Trump au pouvoir. Nous pouvons assister très rapidement à une crise financière, nous pouvons assister à l’avènement d’une maladie contagieuse qui stopperait les exportations et qui entraînerait tout du moins une chute des prix. De plus pour accéder aux marchés mondiaux, il faut avoir des prix compétitifs donc, des prix bas chez le producteur européen.

Si nous avons des prix qui couvrent nos coûts de production et un salaire décent, nous ne serons pas compétitifs. Ou plus. Ou pas assez. D’où l’intérêt des industriels et de l’agroalimentaire de maintenir des prix de survie aux producteurs et du maintien du système de droit des paiements de base qui légalise en quelque sorte la vente à perte. Et qui nous rend dépendants de notre revenu. Il est donc nécessaire d’avoir une autre PAC (Politique Agricole Commune) et de nouvelles règles qui encadrent les fermes. Afin qu’elles restent à tailles humaines et qu’elles ne deviennent pas des usines.

Le collectif “Semer le Futur” rassemble, depuis 2012, 14 associations du Pays de Herve -Verviers-Liège autour des thèmes de l’agriculture et de la transition. Ces associations sont les suivantes : Centre liégeois du Beau-Mur, Les Berwètes en transition, Pays de Herve Futur, Les Amis de la Terre, De Bouche à Oreille, Nature&Progrès, l’ACRF-Femmes en milieu rural, Réseau Aliment Terre, Croc’Espace, GAL Pays de Herve, CIEP du MOC, FIAN, CODEART ASBL, Les Equipes Populaires. Notre but est de sensibiliser le public sur les problématiques sociétales, agricoles et environnementales actuelles et “semer les graines du futur” pour imaginer et construire le monde de demain dans la vision de la Transition.

GENEVIEVE CABODI, RENAUD KEUTGEN, BENOÎT WYZEN, HENRI LECLOUX, ASTRID, CHRISTINE GONAY, VANESSA MARTIN ET LA PAROLE AU PUBLIC