ON PART AU CAMPING LE MAQUIS PRÈS DE LA MONTAGNE NOIRE – EN PLEIN PIC SUD DE LA FRANCE – DÉCOUVRIR UNE NOUVELLE BIBLIOTHÈQUE DE PLUS OU MOINS 5000 LIVRES SUR L’ANARCHISME. POUR NE PAS PERDRE LA MÉMOIRE.

Le local de la bibliothèque anarchiste est de plus ou moins 75 à 80 mètres carrés à laquelle est attenante une cabine de projection parce que la salle fera à la fois bibliothèque et à la fois petite salle de cinéma. Il s’agit de projections en argentiques. On aura un projecteur 35 mm et un projecteur 16 mm. Évidemment de la vidéo projection aussi. Mais on a un grand faible pour l’argentique.

C’est une vieille manière de regarder des films avec beaucoup plus de profondeur de champ. Il y a un grain. C’est la même différence qu’entre un vinyle et un CD quoi. Il y a plus de présence dans un vinyle même si c’est moins propre. Et bien c’est pareil avec l’image.

C’est une bibliothèque parfaitement orientée. On y trouvera tous les classiques de l’anarchisme. Bakounine, Reclus, Kropotkine, Malatesta…enfin je ne vais les citer tous parce que j’en oublierais de toute façon. Mais il y a aussi des ouvrages sur les mouvements ouvriers, sur des mouvements paysans, sur les révolutions et il y a un petit département sur l’agriculture et comment conserver la santé.

La bibliothèque se veut être un outil pour continuer à avancer ou réavancer vers l’autonomie individuelle et collective. C’est-à-dire vers l’idéal anarchiste qui cherche l’harmonie entre l’individu et le groupe. C’est un des caractères ou [plutôt] le caractère fondamental de l’anarchisme.

J’ai commencé par recueillir des livres de vieux militants espagnols quand ils venaient à disparaître. Des militants de base. J’ai commencé [aussi] à voir certains héritiers qui mettaient tout ça à la poubelle alors je me suis dit : «  Houlala ! ça il faut les garder parce qu’il y a des choses précieuses là-dedans. » On a eu également des dons de gens vivants.

Il y a 2 endroits historiquement où l’anarchisme a pris. Il y en a d’autres, mais où il y a eu vraiment une expérience de réalisation anarchiste c’est l’Ukraine dans la Russie de l’époque et l’Espagne. Le plus longtemps c’est l’Espagne. C’est parce qu’il [l’anarchisme] était déjà bien implanté et s’il s’est implanté si bien en Espagne c’est dû à l’histoire de l’Espagne. C’est-à-dire qu’en Espagne jamais la monarchie espagnole n’a réussi à centraliser le pouvoir comme la monarchie française.

Je n’aime pas le terme « autogestion » parce que le travail à la tâche est aussi de l’autogestion. – « Tu le fais comme tu veux, mais tu le fais . » Avant on parlait d’autogouvernement et gouverner ça veut dire manoeuvrer un bateau.

Dans un hôpital s’il n’y a pas de femmes de salle pour nettoyer le travail du chirurgien, ça ne sert à rien parce qu’il va opérer, mais l’« autre » il va se faire infecter.

C’est le travail qui produit. Ce n’est pas les morceaux de papier qui s’appellent argent qui produisent quoi que ce soit. L’argent est un outil pour mettre ceux qui travaillent en état d’esclavage pratiquement.

L’État c’est l’outil qui permet l’exploitation et de le faire apparaître comme quelque chose de légitime.

Il faudrait commencer par nous récupérer nous-mêmes comme disait Louise Michel. Ce n’était pas la seule [qui disait ça], mais nous sommes dépossédés jusque de nous-mêmes. De ce que l’on fait. De ce que l’on est.

Il y a le CIRA à Lausanne. Centre International de Recherche sur l’Anarchisme. Il y en a un à Marseille. Un à Limoges. Aussi à Amsterdam. C’est une immense bibliothèque où il y a les archives de pas mal de mouvements ouvriers. Les archives Bakounine… mais pour aller dans ces endroits, il faut soit y connaître déjà quelqu’un pour pouvoir loger et manger pas cher ou avoir de l’argent. Nous, on avait l’idée de faire ça à la campagne pour que justement des gens même complètement fauchés puissent venir. Si tu viens et que tu n’as rien du tout, tu aides un peu à la production de nourriture et puis après tu peux bouquiner. On peut discuter.

Ce n’est pas destiné à la recherche universitaire. S’il y a des chercheurs qui viennent, on ne va pas les foutres à la porte, mais ça vise à être un outil pour les gens capables de mener les idées au bout des mains. C’est ça la volonté. C’est vraiment pour faire avancer l’histoire vers là où on aimerait bien qu’elle aille.

On essaye de nous effacer de l’histoire. Ils la racontent à leur manière. On efface notre mémoire. C’est une façon de plus de nous déposséder.

Quand Proudhon dit : « La propriété c’est du vol » ce n’est pas la propriété de ta brosse à dents [évidemment], c’est la propriété de la terre. Non, je dis ça parce qu’il y a des gens qui disent : si n’importe qui peut prendre mes affaires…mais ce n’est pas du tout ça qu’il s’agit. Il s’agit de la propriété de la terre c’est-à-dire de la possibilité de se nourrir.

Après s’être emparés des terres, ils ont développé la technologie. Ils ont tout entre les mains quoi.

De nos jours, l’important c’est de se rassembler parce qu’ils ont réussi à éparpiller la société au point que ça devient presque un troupeau de zombies maintenant.

C’est peut-être une période de l’histoire où il y a le plus d’individualisme mais où l’individu a disparu. Ils font faire à tout le monde la même chose. Les téléphones, les écrans et compagnie… L’urgence, elle est déjà de s’entendre, de discuter entre nous, de reconstruire nos solidarités qui jusqu’à il n’y a pas bien longtemps… enfin qui font encore l’humanité dans biens des endroits. La solidarité c’est inhérent à l’humanité. Sans solidarité il n’y aurait jamais eu d’humanité. Et encore plus que l’humanité, l’entraide c’est le facteur de l’évolution de tout même des végétaux, des espèces animales… la vie c’est un tout.

SOUNO

PHOTO : SUPER BELLE VUE AU CAMPING LE MAQUIS À PROXIMITÉ DE CARCASSONNE ET DE LA COMMUNE DE MINERVE –