« J’AI PARTICIPÉ À CE MONDE DE CONSOMMATION. J’ÉTAIS UN CONSOMMATEUR. POURQUOI ? PARCE QUE L’ON ME DISAIT : CONSOMME BEAUCOUP, TU SERAS UN BON CITOYEN ET TU SERAS DE PLUS EN PLUS HEUREUX. »

TEXTE ÉCRIT CI-DESSOUS PAR CHARLES DECLERCQ + RENCONTRE…

Même si c’est plus complexe qu’un numéro spécial de Charlie Hebdo visant à interroger l’utilisation des voitures électriques, notamment à cause de leurs batteries (et s’agissant de batteries, celles de nos GSM et ordinateurs portables sont certes bien plus petites mais bien plus nombreuses en quantité totale et, paradoxalement, c’est avec ces GSM et ordinateurs que nous lançons des alertes et messages pour dénoncer la production des mêmes matériaux dont nous nous servons ainsi).

Plus complexe parce que l’on parle moins du cobalt et que le plus gros consommateur de cobalt est l’industrie pétrolière, notamment pour enlever le souffre et diminuer le rejet de particules fines.

En effet, le cobalt est utilisé comme catalyseur pour extraire le soufre dans l’industrie pétrochimique. Celle-ci est celle dont l’usage est le plus important en quantités ! Il faut des tonnes et des tonnes de cobalt pour le raffinage du pétrole.

Bien plus, le cobalt qui est utilisé comme catalyseur est dissous dans le diesel lors du raffinage et il se retrouve donc dans le carburant. Lorsqu’il sera brûlé, le cobalt se retrouvera dans les particules polluantes lors du processus d’échappement du diesel « propre » ! Ce sont ces particules qui seront respirées par les populations soumises aux gaz d’échappement.

C’est pourquoi j’ai écrit plus « complexe » au début. En effet, des critiques qui soulèvent les problèmes d’exploitation d’enfants dans des mines à ciel ouvert en Afrique pour critiquer les véhicules électriques doivent également critiquer les véhicules à combustion dont les carburants utilisent une bonne quantité de ce même cobalt pour son raffinage, et dont les particules se retrouvent dans l’air lorsque ces véhiculent roulent.

C’est donc, je pense bien plus que tel ou tel modèle de transport (électrique ou combustion) qui est en jeu, mais notre façon d’habiter le monde, de circuler, de consommer.

En effet, le gros problème est que l’on pense le modèle électrique sur celui des combustibles fossiles, à savoir pouvoir se déplacer n’importe où, essentiellement individuellement, et si possible à moindre coût (ou en faisant payer celui-ci par la collectivité).

Or, à moins d’aller droit dans le mur (et il me semble que c’est presque déjà trop tard et lorsque j’étais adolescent le Club de Rome mettait déjà le monde en garde), il nous faut, comme je l’écris un peu plus haut, radicalement modifier nos façons de consommer, de manger, d’habiter le monde, de nous déplacer. Et cela comprendra des sacrifices peut-être énormes dont cette génération-ci ne verra pas les fruits qui pourront être mangés, eux, par les générations futures.

Toutefois, en caricaturant le modèle électrique et souvent l’écologie au sens large ou particulier (pour la Belgique) d’un parti qui se revendique tel, cela (nous) flatte en montrant l’absurde des situations et, dans la foulée, cela nous dédouane de penser, de réfléchir et de s’y mettre chacun à sa mesure (en particulier dans nos nations hyper-développées).

ILLUSTRATION : AUTEUR : SKIMEL – GRAFFITI À NANTES AVEC LE SYMBOLE DES SOULÈVEMENTS DE LA TERRE ET LA DATE DU 25 MARS, EN RÉFÉRENCE À LA MANIFESTATION À SAINTE-SOLINE LE 25 MARS 2023 CONTRE LES MÉGABASSINES – 7 AVRIL 2023 – 20:14:19 –