L’acronyme GAFA, c’est à dire Google, Apple, Facebook, Amazone sont des entreprises qui veulent supplanter les humains…Puis, l’autre dimension, c’est une société automatique où les gens eux-mêmes avec leurs désirs seront automatiques. Mark Hunyadi est professeur de philosophie morale et politique. Mais pas que. Rencontre.

 

Je ne veux pas diaboliser tout cela…C’est indubitable, je ne mettrai pas en question ce qui est là, un progrès formidable. Il ne s’agit pas d’être contre la technique. Être technophobe ce serait absurde, ce serait idiot.

Il ne faut jamais dire que la technique est neutre. Il y a des idéaux dans la technique qui sont tout sauf neutres. Ce n’est pas parce que je dis cela, que je trouve la technique mauvaise.

Il faut bien comprendre que Google a déclaré, que leur but, c’est de contrôler l’ensemble de l’information du cosmos. Du cosmos ! C’est terrifiant quand on y pense.

Le but de toutes ces machines, c’est au fond de pister, cartographier nos comportements. Savoir, comment on se comporte. C’est pour cela, que les objets sont de plus en plus connectés…que l’on parle d’une économie du comportement, parce que maintenant, c’est ça qui compte. C’est au fond, la matière brute. C’est pour ça aussi que tous ces services sont gratuits parce que, c’est nous qui leur donnons la matière première.

Nous sommes complètement asservis à ce projet capitaliste des GAFA mais en nous y faisant adhérer dans la joie. Parce que évidemment un téléphone intelligent est quelque chose d’extraordinairement jouissif…

Pour faire une critique du numérique, la tâche est absolument redoutable. Je m’effraie du manque de conscience des gens d’une manière générale mais pas seulement du grand public. La même inconscience vaut dans les universités. Les universités sont en train de singer, de courir après cette numérisation intégrale, cette course au numérique que l’on voit partout. Parce qu’il ne faut pas prendre du retard par rapport aux autres, la concurrence, etc.

L’Union européenne supplie Google et quelques grands autres groupes de lui donner les informations pour la lutte anti-terroriste. Donc, on a les États qui se défont de leurs fonctions régaliennes (en économie, les fonctions régaliennes désignent des tâches que l’État ne doit pas ou ne peut pas déléguer à des sociétés privées) pour s’adresser à des entreprises privées pour qu’elles effectuent (en quelque sorte) leur boulot. Parce que l’État n’en sait plus assez sur ses citoyens. Google en sait plus sur ces citoyens que l’État qui est supposé les protéger. Donc, on arrive à des situations complètement aberrantes. Et moi, ce qui m’inquiète, c’est le degré d’inconscience en fait, de non-conscience des gens par rapport à ce phénomène.

Facebook est un extraordinaire producteur de données. Facebook siphonne nos données. C’est leur but. Tout au départ, cela n’a pas été fait pour ça mais très vite, c’est devenu ça et maintenant, c’est leur seul but. Donc, tout ce qui facilite notre communication ( l’échange des documents, des photos, etc.), tout ça pour eux, c’est une espèce de gigantesque matière première. Une mine d’or puisque, c’est là-dessus, qu’ils bâtissent leur extraordinaire prospérité.

MARK HUNYADI