LES CHIENS DE GARDE DU POUVOIR que sont LA POLICE font parler d’eux… Du coup, LA PAROLE A ÉTÉ DONNÉE AUX GENS lors de la manifestation internationale CONTRE LES VIOLENCES POLICIÈRES du 15 mars 2018 (à Bruxelles) + S’ORGANISER FACE À CE RACISME D’ÉTAT que subissent les Noirs, les Arabes, Musulmans et Sans-papiers, cible prioritaire de ce système répressif. (PARTIE 1)

Alors, cette question du rapport à la police comme institution, elle s’inscrit aujourd’hui indubitablement dans le tournant sécuritaire que l’on a connu dans la période qui a immédiatement fait suite – elle s’inscrit évidemment dans le temps long mais elle a pris une dimension nouvelle avec ce tournant sécuritaire à la suite des attentats de Paris qui s’est renforcés ensuite avec les attentats de Bruxelles. Ce renforcement du dispositif sécuritaire post-attentats a eu en effet des conséquences très concrètes et très visibles sur le territoire belge comme le rehaussement permanent du niveau d’alerte et la présence permanente de militaires dans les grandes villes belges. Il y a eu l’adoption du Plan canal qui a permis le contrôle de milliers de résidences et la fermeture de nombreuses associations à coloration musulmane précisément ici, le long du canal.

Il y a eu des mesures telles que le rallongement des détentions préventives de 24h00 à 48H00. Il y a eu l’adoption (je cite pêle-mêle) de la loi de la déchéance de nationalité, la loi dite de déportation (il y a environ un an) qui autorise désormais l’expulsion d’étrangers nés et établis de longue date en Belgique sur la base de simples soupçons de troubles à l’ordre public. Et puis, pour finir, il y a le dispositif sécuritaire qui se déploie de manière extrêmement féroce depuis plusieurs mois à l’égard des migrants et des Sans-papiers qui font l’objet de véritables rafles jusque dans les transports en commun et dans les associations à vocation culturelles comme on a pu le voir le mois dernier.

Et donc, loin de s’apaiser, ce climat sécuritaire se poursuit et se recycle dans des formes particulières. Les différentes séquences que nous vivons maintenant depuis plus de deux ans reposent finalement – à mon sens sur le même ressort – à savoir la désignation d’une menace intérieure qui justifierait des mesures d’exception et tout cela sur fond de lutte contre le terrorisme, d’inspiration djhiadiste. Il n’est à ce titre pas étonnant de voir que dans le discours politique, ces différentes séquences sont reliées les unes aux autres. Les mises en relation de ces séquences, elles se font d’abord au niveau de la  rhétorique ainsi il était question pour Jambon de faire le – ménage – à Molenbeek après les attentats de Paris. Francken, lui, a parlé de – nettoyer – le Parc Maximilien en référence aux migrants qui s’y sont installés. Alors, à côté des effets purement rhétoriques de  cette mise en relation, elle s’observe surtout dans le fait que chacun des dispositifs sécuritaires émergent d’une séquence particulière –  et sert finalement de prétexte d’action lors d’une autre séquence. On sait ainsi que l’intervention tout à fait éloquente au Globa Aroma le 09 février 2018, elle s’est faite dans le Plan canal et de son extension à Belfi qui autorise aujourd’hui le contrôle renforcé des asbl en matière de fraudes sociales et de fraudes fiscales. On voit que le Plan canal qui est destiné initialement à la lutte contre le terrorisme – et bien finalement – il finit par justifier la chasse aux migrants et aux Sans-papiers.

Alors, un autre exemple, et bien c’est la politique de – tolérance zéro – qui a été proclamée dans la foulée des évènements à la Bourse. Je ne sais pas si vous vous souvenez de novembre 2017 lors de la qualification du Maroc à la Coupe du monde ? La célébration a été quelque peu gâchée par l’intervention des forces de l’ordre et cela a tourné un petit peu à – ce qui a été qualifié d’émeute – en tous les cas il y a eu un certain nombre d’arrestations, etc. Suite à cela une politique de – tolérance zéro – a été décrétée et cette politique de – tolérance zéro – finalement, elle a servie de prétexte à intervenir lors de rassemblements ultérieurs comme lors de la manifestation qui avait été organisée par des afro-descendants pour protester contre les politiques d’esclavages en Libye et ailleurs. Et d’ailleurs, même dans le discours, le lien a été fait entre ce qui a été qualifié de différentes séquences au cours du mois de novembre 2017 –  en disant, mais c’est chaque fois les mêmes groupes qui viennent mettre le – bordel – dans ces rassemblements. Je rajoute aussi que ces mêmes évènements à la Bourse ont donné lieu à une proposition aussi étonnante que celle de mettre sur pied une police des migrants. Comme si c’était la question migratoire qui était-ce soir là engagée. Or, c’était tout à fait à côté de la plaque. Mais, donc on voit, qu’il y a une confusion, un amalgame qui est savamment entretenu par le politique pour légitimer la prise de mesures d’exception et de mettre du lien finalement entre tout ces différents évènements.

Quand on se place dans une perspective – je dirais – foucaldienne – la police, elle apparaît dans ce contexte comme étant à côté du dispositif militaire, mais la police apparaît comme l’appareil qui permet finalement d’assurer l’intégrité de l’État face à un ennemi intérieur, un visage multiforme. D’abord, les terroristes et puis par toute une série d’autres groupes. Les musulmans, les binationaux, les migrants et pour finir tout ce qui est étranger ou qui est considéré comme tel. Dans ce contexte-là, la sauvegarde de la raison d’État, justifie que la police et par extension toutes les institutions qui participent à la politique sécuritaire établie – se place aux confins de toute considération morale et même légale. On en arrive à trouver normal de renvoyer des Soudanais à la torture, à y trouver une justification. Voilà, un peu la lecture que j’en fais. Je me tourne vers les intervenants et je vous pose une première question : est-ce que vous êtes d’accord avec cette analyse et quelle lecture en avez-vous à partir de votre point de vue ?

AUTEURE DU TEXTE CI-DESSUS ET ANIMATRICE KHADIJA SENHADJI + LES INTERVENANT.E.S : AÏCHA DAOUDI – du comité des Parents contre les violences policières à Molenbeek -, NICHA M’BULI – juriste au MRAX, SAÏD ELWAZI – La coordination des Sans-papiers et FAYÇAL CHEFFOU.

ORGANISATION : https://bruxelles-panthere.thefreecat.org/