2018 sera l’année des élections communales et provinciales. 2019, les élections européennes, fédérales, communautaires et régionales. (ET SI ON CHANGEAIT) LES INSTITUTIONS POLITIQUES REPRÉSENTATIVES ? FAIRE DE LA POLITIQUE, C’EST DÉCIDER. C’EST NOUS QUI DÉCIDONS ! PAS, QUI PARLE DE POLITIQUE. PAS, QUI PENSE DE POLITIQUE. PAS, QUI RÊVE DE POLITIQUE. C’EST NOUS QUI DÉCIDONS. ET, C’EST CE QUE NOUS NE SAVONS PLUS FAIRE ENFIN QUE L’ON A OUBLIÉ. ENFIN, ON N’A MÊME PAS OUBLIÉ PUISQU’ON NE L’A JAMAIS FAIT DANS LE FOND EN BELGIQUE. ANNE-EMMANUELLE BOURGAUX

Le désenchantement politique qui motive très fortement notre initiative, (et toutes les personnes qui se retrouvent derrière cette initiative) justifie toute l’énergie que l’on est en train de mettre dans cette activité. Alors cette initiative, elle porte un nom, elle s’appelle : la voix est libre. Nous pensons qu’une voix ne doit pas être arrêtée ou donnée sans aucune manière de pouvoir la retirer à des personnes qui aujourd’hui témoignent sans cesse d’un déni de démocratie dans la plupart des actes qu’ils posent. Quand on nomme un bourgmestre (pour parler des élections communales), il est élu pendant six ans et il ne doit rien au peuple qui l’a élu pendant six années. On lui demande de travailler, on lui demande de respecter les lois, mais il n’y a pas de mouvement démocratique, de perméabilité entre le pouvoir élu et le peuple. On pense que c’est une des raisons de ce désenchantement (politique).

OILIVIER HAUGLUSTAINE, MEMBRE DE L’INITIATIVE POPULAIRE : – RENDRE POSSIBLE LA DEMOCRATIE DELIBERATIVE PART TIRAGE AU SORT AUX ELECTIONS COMMUNALES BELGES DE 2024 –

Moi, je suis constitutionnaliste au départ. Toutes mes formations avaient contribué à me faire croire que la démocratie représentative était la quintessence…Par ailleurs (figurez-vous), j’ai travaillé dans un parti politique et s’il y a bien un endroit où l’on croit que la démocratie représentative est la quintessence de la démocratie : c’est bien là. Et j’ai commencé une thèse là-dessus (sur la démocratie représentative) en ne sachant pas ce que j’allais trouver et j’ai radicalement changé d’avis au fur et à mesure de mes recherches. J’ai découvert à quel point dans l’histoire constitutionnelle, il y avait une série de choses que l’on avait oublié. On avait oublié singulièrement que démocratiser et passer en démocratie ne supposait pas uniquement démocratiser le droit de vote. Or, c’est encore comme cela dans les manuels d’histoire. On nous présente un peu les choses de manière binaire. Avant 1919-1921, on n’était pas en démocratie et puis on bascule – un peu comme Obélix dans sa potion magique – dans la démocratie. Or, ce problème, ce scénario magique ne fonctionne pas ou plus exactement il n’est pas juste. Parce qu’à l’époque, à toutes les époques, on sait très bien, que la démocratie suppose bien plus que le droit de vote. La démocratisation du droit de vote et le suffrage universel sont nécessaires au droit de vote, mais il n’est pas suffisant. Et j’ai changé d’avis. Mais pourquoi ? Parce que tout le monde le savait…

.ANNE-EMMANUELLE BOURGAUX – CONSTITUTIONNALISTE – ECOLE DE DROIT UMons-ULB

Quand on parle de crise de la démocratie, j’aimerais bien que l’on se pose plus souvent la question suivante : est-ce que nous voulons vraiment de la démocratie ? Parce que quand on parle de crise de la démocratie, moi, ce que je vois surtout, quand on voit des sondages d’opinion, ce n’est pas que les gens veulent que leur parole soit plus entendue, c’est d’abord qu’ils veulent des porte-paroles. C’est d’abord qu’en termes d’organisation des partis, en termes des montées idéologiques, en termes de recherche de solutions, les gens ne veulent pas plus d’horizontalité. Moi, en tant que philosophe, je peux dire que je préférerais plus d’horizontalité. Mais en tant que politiste, ce que je vois depuis 20 ans, c’est que les gens veulent du fouet. On peut dire que ce n’est pas désirable, mais dire : tout le monde veut plus de démocratie en termes de sociologie politique, c’est inexact. Une part croissante de l’électorat veut plus d’autorité, veut plus d’ordre, veut plus de verticalité, veut des décisions politiques plus claires, veut un lieu du pouvoir plus identifiable. Elle ne veut pas plus de pouvoir diffus. Au contraire, des lieux de pouvoir plus visibles. Et peut-être de manière abusive, on associe à cette visibilité du lieu de pouvoir davantage de transparence. Je ne crois pas qu’un lieu de pouvoir plus visible soit plus transparent, mais je pense que beaucoup de personnes pensent qu’un lieu du pouvoir plus visible est plus transparent. Et donc, quand on réfléchit à la crise de la démocratie, on tient pour acquis que ça répond à un désir de démocratie de la part des citoyens. Et d’abord, je n’en suis pas certain.

JOHN PITSEYS, CENTRE DE RECHERCHE ET D’INFORMATION SOCIO-POLITIQUE – CRISP –

Pourquoi se sent-on mal représenté ? C’est en partie comme vous l’avez dit. Les politiciens, les élus ont tendance à se ressembler. Ils sont issus d’une certaine classe sociale, et cetera bien sûr et c’est pour ça que le tirage au sort est utile pour diversifier nos représentants politiques. Mais je trouve qu’il faut aussi se méfier de la tendance de la série des défenseurs du tirage au sort à dénigrer complètement élections et partis. Je pense qu’il y a une complémentarité peut-être entre l’élection et le tirage au sort qui reste à penser. Mais, je me méfie beaucoup de ces discours qui attribuent tous les maux de la démocratie à la faute de nos représentants qui ne se soucieraient pas du tout de nos aspirations. C’est seulement vrai de certains…La plupart des gens qui sont finalement désenchantés : y ont cru. Ils ont cru dans un parti, dans un candidat et puis ils ont été déçus… Moi, ce qui me semble utile, c’est de défendre à la fois un idéal de société qui soit totalement différent, avoir envie de changer les choses, changer la société, le monde et en même temps avec un certain réalisme à court terme. Se dire que ça ne va pas se faire du jour au lendemain, ce serait trop beau et donc, ne pas placer des attentes trop élevées sur chaque élection. Se dire, on va tenter ce parti-là, ce candidat-là… On va voir ce qu’ils peuvent faire. Si, ils peuvent faire de petites améliorations ou empêcher que les choses se dégradent. Je crois que c’est la seule manière de continuer à y croire. Mais donc, j’insiste sur le fait qu’à côté de ce réalisme à court terme, il faut garder un idéalisme et se dire qu’un monde différent est possible. Parce que sinon, on tombe dans le cynisme et même on devient – conservateur – contre son gré si on ne croit plus au changement.

PIERRE- ETIENNE VANDAMME – CHAIRE HOOVER D’ETHIQUE ECONOMIQUE ET SOCIALE – UCL –

RENCONTRE ORGANISEE PAR LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME + ULB COOPERATION + POINT CULTURE IXELLES – MODERATRICE : AUDREY VILLANCE –