J’étais à l’époque fort orienté dans le business, faire un maximum de pognon et vive le grand rêve américain ! APRÈS COUP, JE DIRAI QUE J’AVAIS BESOIN D’UN TRAVAIL QUI AVAIT PLUS DE SENS. PAS FAIRE DU FRIC POUR FAIRE DU FRIC.

Je n’ai jamais travaillé en Europe parce ce que pour le moment, on (MSF) a ouvert des projets en Grèce, en Italie, on a même des projets en Belgique. La première réaction est que ça me scandalise que l’on (MSF) doive ouvrir des projets humanitaires en Europe. Ça me pose beaucoup de questions mais je n’y ai jamais travaillé. Je n’ai jamais été sur l’Aquarius (le fameux bateau qui a été bloqué en méditerranée). J’ai jamais eu de missions là-bas. Par contre, j’ai énormément travaillé au Congo, Burundi et Afghanistan. On (MSF) travaille énormément avec les réfugiés. Il faut savoir qu’à l’intérieur des pays, on parle de déplacés. C ‘est la première destination. C’est d’abord de bouger tout près de chez soi pour se mettre en sécurité. Parfois, on assiste même à des départs de quelque mois puis ils (les réfugiés) essayent de revenir. Sur le temps d’une journée, les réfugiés se déplacent, ils essayent de revenir travailler les cultures qu’ils ont dû laisser puis, ils repartent pendant la nuit pour se mettre à l’abri. C’est vraiment très large. Je pense que les quelque migrants que l’on accueille ici (Europe), ce n’est vraiment rien du tout par rapport à l’étendue de gens qui sont forcés de se déplacer dans le monde et dans tous les pays. C’est rien du tout par rapport aux difficultés qu’il peut y avoir au Liban par exemple, au Congo, en Ouganda, en Tanzanie…

Comment cela se fait-il que des gens qui n’ont pas grand chose à la base, arrivent toujours à accueillir de nouveaux réfugiés, alors que nous (Europe) ne sommes pas capables de le faire ? C’est une question que je me pose.

Ce que j’ai envie de dire, est qu’il faut faire attention avec les chiffres que l’on entend. Trump, accuse tous les migrants qui viennent du Honduras, d’être plein de terroristes…Il faut faire attention avec tout ce que l’on dit. Je n’ai jamais eu de problèmes avec les réfugiés pourtant, j’en ai vus beaucoup. Ne pas céder à la panique ou à la peur.

Médecins Sans frontières fonctionne à 97% de dons privés. C’est toi, c’est moi, c’est ma grand-mère…Dans tous les pays du monde ce sont des gens qui donnent un peu de leur argent. Je pense que les derniers chiffres arrivent à : 3 000 000 de donateurs. On (MSF) refuse la plupart des dons publics. Pourquoi ? Parce que l’on veut pouvoir avoir l’autonomie de décider où l’on veut travailler, pour qui l’on veut travailler et quand on veut agir.

On (MSF) est toujours présent mais parfois, on nous bloque. Par exemple : l’approvisionnement en médicaments  et en matériels. Parfois, sur les visas. Il y a beaucoup de moyens d’empêcher MSF de travailler.

Médecins Sans Frontières travaille dans 73 pays dans le monde.

On (MSF) a trois principes. L’indépendance, la neutralité : qui veut dire que l’action de MSF ne prend pas  part aux conflits armés. Jamais. Le dernier principe est l’impartialité : qui veut dire que si on doit choisir notre action, ce sera en fonction des patients et peu importe la couleur, la race, l’origine…Donc, cela sont les 3 principes auxquels nous sommes forts attachés. Ce sont des principes qui sont régis par le droit international. Malheureusement, ça reste souvent de la théorie et nous (MSF) nous battons souvent pour le faire appliquer sur le terrain. Et ce n’est pas si facile que ça.

Ça arrive que devant les portes de l’hôpital une fois que le patient en sort et qu’il est guérit, et qu’il n’est plus protégé par le droit international… devant nos yeux, on assiste à des rafles. Là, on est très impuissant. C’est parfois des situations très difficiles pour nous (MSF).

Je pense que tout le monde sait maintenant que le système est malade, qu’il arrive à la fin et qu’il faut le changer. De plus, on est devant une urgence qui est climatique. C’est hyper important de travailler à ce nouveau monde.

Il n’y a a pas besoin de partir super loin dans des conditions très difficiles pour aider les gens et pour changer le monde. Chacun peut le faire là où il est.

NICOLAS SPINEUX