UNE JOURNÉE AU MUSÉE ROYAL DE L’AFRIQUE CENTRALE DE TERVUREN. MAIS SACHONS, ON NE DIT PLUS COMME ÇA. MAINTENANT C’EST L’AFRICA MUSEUM. IL EST, PARAÎT-IL, DANS UN PROCESSUS DE DÉCOLONISATION QUI SERA LONG DIT LE DIRECTEUR DU MUSÉE. BEN OUI, SURTOUT SI VOUS NE LAISSEZ AUCUN POUVOIR DE DÉCISION AUX EXPERTS AFROS-DESCENDANTS ET AFRICAINS. (PARTIE 1)

Dans le cadre de mon boulot, on a conçu un outil d’analyse de la propagande coloniale. Un point de vue des images pour comprendre les représentations qui sont encore véhiculées aujourd’hui. Comment la figure du congolais et par extensions des Noirs, a été crée ? Comprendre la propagande coloniale c’est comprendre le racisme actuel en Belgique. Mais c’est surtout de donner une image inférieure des personnes Noires. Elles sont dans une position de soumission. De recevoir avec reconnaissance en plus. Et donc, forcément cela se retrouve aujourd’hui dans les films actuels, dans la publicité et surtout dans la tête de la plupart des gens. Qu’on le veuille ou non même si on n’a pas connu l’époque coloniale, ces images, ont continué à être véhiculées. Tout ça, a créé notre imaginaire. Et comme cet imaginaire n’a jamais été déconstruit – en tous les cas, clairement pas en Belgique – cela a un impact très fort sur nos représentations actuelles.

Comment faire pour déconstruire tout ça ? C’est une vraie question. Je pense qu’il faut déjà une vraie volonté politique qui n’existe pas. Quand je vois l’enseignement de la colonisation en Belgique, c’est juste catastrophique. Il n’y a pas très longtemps, il y a eu l’inauguration de la place Lumumba. Il a eu un bout de trottoir. Un débat qui dur depuis des années. Il n’y a aucune volonté de la part de notre gouvernement.

Il y a beaucoup, beaucoup d’élèves aujourd’hui qui ne font pas le lien entre le Congo et la Belgique. Le Rwanda et la Belgique encore moins. Et il y a plein d’élèves aussi qui ignorent que la Belgique a d’une certaine manière une responsabilité dans le génocide rwandais. Ce n’est pas connu.

Je suis historienne de l’art et j’ai travaillé ici au musée dans le cadre de la rénovation de l’exposition permanente. J’ai fait partie des membres du G 6 [?] et la coopération ne s’est pas super bien passée si je peux m’exprimer comme ça et donc, je ne suis en rien responsable du résultat. Je tiens à le dire.

Le musée présente une image que les scientifique belges qui travaillent dans l’institution ont d’une certaine Afrique centrale. Dans le processus de rénovation, je pense qu’à un moment ils se sont rendu compte que ce serait quand même logique de faire appel à des personnes issues de la diaspora africaine ou à des Africains pour quelque part légitimer leur travail. Cette légitimité est valable sur le papier, mais notre voix n’a pas été entendue. Et même quand elle l’a été, ça n’est marqué nulle part. Vous verrez. C’est dans ce sens-là que je dis que ça reste un musée occidental qui présente sa vision d’une certaine Afrique.

BAMKO – ANNE WETSI MPOMA – MIREILLE TSHEUSI-ROBERT – FRANÇOIS MAKANGA ET UN GROUPE D’UNE DIZAINE DE PERSONNES –