« JE VIENS D’UN ENCLOS COLONIAL QUE L’ON APPELLE LA CÔTE D’IVOIRE. » QUEL LIEN ENTRE LE PANAFRICANISME ET LA LUTTE DES CLASSES ?

Le marxisme parle de la lutte des classes. La lutte des classes est que nous avons des luttes sociales. C’est-à-dire que c’est la classe de la bourgeoisie qui est la classe qui possède les moyens de la production et qui opprime une classe qui n’a pas les moyens à savoir le prolétariat. En gros, ça veut dire que ceux qui ont les moyens (le capital, l’argent et autres…) qui ont les appareils, font travailler les gens qui n’ont pas les moyens. Ils les exploitent. Voilà un peu la question centrale au niveau du marxisme.

Par contre au niveau du panafricanisme, le courant est plus profond. C’est un courant qui parle d’une situation vécue par les Africains à travers ce que l’on appelle couramment l’esclavage et donc, dans l’esclavage il y a le fait que l’on utilise à la fois la lutte des classes et la lutte des races. La lutte des classes c’est-à-dire le système d’exploitation des Africains et la lutte des races, c’est-à-dire que pour pouvoir exploiter les Africains – c’est l’histoire de la Contreverse de Valladolid – c’est la suite de ça qui a été décidée et que les Indiens d’Amérique ayant une âme, il fallait se tourner vers les Africains.

C’est ce qui a fait qu’on a mis les Africains en esclavage. Il y a eu non seulement ce crime qui a duré près de 4 siècle mais en réalité il y a eu cette déportation immense des Africains. D’abord il y a eu des razzias et la déportation, mais aujourd’hui ce qu’il ressort – c’est d’ailleurs pour ça que je n’aime pas le terme « traite » – c’est comme si il n’y avait eu que du commerce. C’est absolument faux. Il y a eu au moins 1 siècle où il y a eu des razzias avant que ne commence ce commerce. Tout à l’heure, j’ai parlé de la Contreverse de Valladolid qui est quand même une référence et qui montre que l’on n’a pas attendu que ce soit des Noirs pour mettre en esclavage. On avait déjà commencé avec les Amérindiens.

Les bateaux négriers qui ont été utilisés en Afrique n’ont pas été fabriqués par les Africains. Si les gens (européens) les ont fabriqués, c’est qu’ils avaient une idée bien précise. On ne peut pas partir du continent européen avec des bateaux négriers et aménager des cales pour dire que c’est sur le terrain qu’ils ont trouvé des Africains. Non. Il y avait une intention bien réelle de pratiquer cela.

Comme je disais au niveau du marxisme, l’élément central est la lutte des classes. Au niveau du panafricanisme en plus de la lutte des classes, nous on parle de la lutte des races. Il y a aussi la question de l’historicité de l’Afrique qui n’est jamais mise en exergue. Quand vous prenez le marxisme, il a une vision linéaire du monde alors que les sociétés sont différentes…[surtout au 19 siècle]

Aujourd’hui, le capitalisme est mondial parce que l’objectif de ce que l’on a appelé : la traîte négrière et le colonialisme ont participé à cette avancée de domination de l’impérialisme. L’impérialisme a étendu son empire. Donc, lorsque l’Europe a développé la « lutte des classes » , elle a aussi décidé d’aller exploiter les autres, d’aller imposer ce système en Afrique en Asie…Toutes les contrées pratiquement ont été dominées, ont été attaquées, broyées. Il n’y a plus de résistance. Le capitalisme s’impose partout. Marx en termes d’idéologie est un outtil très important pour pouvoir comprendre la société dans laquelle on vit mais pour nous Africains, c’est vrai que nous avons nos spécificités.

TAPÉ GROUBERA