« ALLEZ ANNONCER PARTOUT QUE L’HOMME N’A PAS ENCORE ÉTÉ CAPTURÉ. » – VALÈRE NOVARINA –

Réveiller un peu les consciences qu’en fait, on crée des taxations un peu partout. N’importe qui – même dans la pauvreté on peut s’acheter quelque chose à manger – paye une taxe. Dans les taxations des échanges financiers, il n’y a pas de taxes et donc la demande était juste celle-ci : et si on [le système] créait une taxe de 1% qui libérerait 50 milliards et que ces 50 milliards soient utilisés spécifiquement pour le climat. Puisqu’on a difficile apparemment à trouver de l’argent. C’était juste ça. J’en parle au passé oui parce que je sens que ça ne va pas passer. Je me demande si aujourd’hui déjà, ils n’ont pas voté et que ça n’a pas pu passer comme ça.

Demain, il t’arrive quelque chose de grave dû à ton jeûne, ça n’aura aucune influence sur les politiques menées. J’avais envie d’entendre ce que tu as à dire par rapport à ça ?

Ici, on ne fait pas une grève de la faim au finish. Je ne me suis pas lancée dans l’idée de faire une grève de la faim à en avoir des séquelles et jusqu’à en mourir. Donc, j’irai jusqu’où mon corps peut aller et garde une forme d’équilibre. Oui, cet un acte politique, mais apolitique. C’est-à-dire que je n’adhère pas à un parti politique pour faire cet acte-là, mais c’est militant, méditant. J’aime bien me positionner dans ce duo de mots. Militant-méditant.

Je suis quelqu’un qui médite. Ça m’aide à prendre conscience des choses et à un moment donné : qu’est-ce que l’on fait avec toutes ces prises de conscience ? Et ce que l’on ressent de tout ce qui se passe dans le monde et comment est-ce que l’on milite ? Est-ce que ça sert à quelque chose ? Est-ce que le fait de faire ce jeûne, cette grève de la faim, est-ce que ça va avoir un impact ?

Je ne me fais aucune illusion. Au niveau des lobbyings, ils n’écoutent même pas. Cet acte, c’est comme si on déposait une petite graine. Il y a des personnes du coup qui se posent des questions. On entend qu’il y a des gens qui se posent de plus en plus de questions…

C’est le climat, c’est la santé, c’est le social. Il y a des personnes qui sont tellement dans l’urgence. Nous, citoyens, qu’est-ce que l’on peut faire ? Ça ne sert à rien de perdre son énergie sur quelque chose où l’on n’a pas prise, mais à un moment donné, on se rassemble et on se dit : « Vous, que l’on a placé en haut à prendre des décisions pour tout le monde, peut-être que les citoyens n’ont pas voté pour les choix que vous faites ? » À un moment donné, quand est-ce que l’on nous écoute ? Parce que j’ai l’impression que même quand je dépose mon bulletin de vote, on ne l’écoute plus parce que tout est fait de compromis. L’Europe prend des décisions, mais est-ce qu’elle écoute les citoyens ?

Il y a des jours où ça me fait peur. J’ai beau être méditante et essayer de relativiser, il y a des jours où je ne peux faire que m’asseoir et j’ai une émotion et je pleurs.

Si je fais la grève de la faim, c’est pour le vivant. Alors, ça peut paraître paradoxal. Faire la grève de la faim…c’est mourir…mais non, je ne la fais pas jusqu’à la mort. Je pose un acte pour moi qui est fort, mais qui est pour le vivant. C’est pour que l’on prenne conscience qu’il y a des urgences.

Il y a très longtemps que je suis individuellement et collectivement à mettre des choses au niveau local en place pour qu’il y ait du partage, mais je me rends bien compte que moi, je peux me changer. Je peux essayer d’effectuer des transformations dans mon village, dans notre ville, mais à un moment donné où sont les gouvernements ? Je trouve qu’ils sont dans du déni qui est grave. On est beaucoup à penser ça et donc maintenant ça suffit.

MAROUSSIA

PHOTO : MAROUSSIA ET SON 20ÈME JOURS DE GRÈVE DANS SON JARDIN. EN CES TEMPS OÙ LES MANIFESTATIONS NE SONT PAS LES BIENVENUES, CETTE MANIÈRE DE SE PRENDRE EN PHOTO A ÉTÉ PROPOSÉE PAR SON COLLECTIF POUR CONTINUER À DIRE L’INVESTISSEMENT. AUTOMNE : 2020.