« BALANCE TA GRENADE » C’ÉTAIT UNE CHRONIQUE SUR LA RADIO PUBLIQUE BELGE ET QUI PORTAIT UN REGARD SUR LE GENRE ET LES FÉMINISTES. VOICI LE LIVRE POUR ALLER PLUS LOIN.

C’est un outil que je voulais pédagogique pour toutes les personnes qui ont envie d’aller plus loin sur le sujet ou pour débattre en classe. Moi, par exemple en classe, j’aurais bien voulu avoir un petit bouquin comme ça avec plein de thématiques et avec des supports et de belles illustrations. Hemingway : le vieil homme et la mer, je comprends qu’on doive le lire forcément, mais quand j’avais 14-15 ans ça m’a quand même bien fait suer en termes d’action. Je trouvais que c’était un peu faible.

Ce qui est important, ce sont les mots. C’est un mouvement de libération et d’émancipation qui a aussi une « histoire » et une histoire tout aussi légitime et qui mérite autant de reconnaissance que tous les mouvements d’émancipation.

Je n’utilise pas le terme : la femme. Parce que pour moi, il n’y a pas « la femme ». Il y a les femmes déjà. Il y a plein, plein de femmes différentes. Et ce que je veux dire aussi, c’est que concernant par exemple des mouvements d’émancipation des classes ouvrières, on va pouvoir tolérer qu’il y ait différents courants ou qu’il y ait des oppositions.

Le féminisme est considéré comme un mouvement politique donc, il peut y avoir différents courants qui s’opposent avec des visions du monde.

Être une jeune femme qui est issue d’un quartier populaire, qui est peut-être sans-papiers, n’a pas la même réalité qu’une femme issue de la classe moyenne supérieure et qui est blanche, mince et dont les canons de beauté vont être valorisés par cette société patriarcale. On n’a pas les mêmes chances dès le départ donc, c’est difficile de se dire : « On s’en fout, soyons toutes ensemble. » Non. Parce qu’on n’a pas la même réalité et qu’il faut tenir compte de ces différences pour pouvoir ensemble à un moment donné peut-être avancer.

Être féministe c’est vouloir l’émancipation de toutes les femmes. C’est vouloir l’égalité. C’est défendre les droits des femmes. C’est vouloir une société plus juste et démocratique. C’est la base quoi.

J’estime aussi que quand on est féministe, on est solidaire. Une femme qui est touchée par un problème qui ne me concerne pas directement c’est important. C’est-à-dire qu’il faut aussi combiner deux notions qui sont : la sororité (un mot un peu galvaudé) et à ça, il faut rajouter : la solidarité.

La minorité, l’« autre » est vraiment autre. Il n’est pas dans le cercle. C’est ça qui me dérangeait. M’irritait. Faire comprendre à tout le monde que l’on fait partie du même cercle et ne pas juste aller interviewer une personne afrodescendante uniquement quand il y a des problèmes de racisme. Ne pas interviewer uniquement une femme pour la faire parler d’enfants et d’éducation. Ne pas uniquement demander à une personne âgée de parler de ses problèmes d’arthrose. Une personne âgée peut avoir été une femme économiste qui a un regard sur la société. Mais on a encore une distribution des rôles stéréotypés. C’est sur ces questions-là qu’il est intéressant de travailler et de sensibiliser.

Toutes les personnes qui n’ont pas forcément accès aux médias mainstream s’organisent. Prennent leurs intérêts des représentations en main et sont actives sur les réseaux sociaux ou sur des blogs, etc.

SAFIA KESSAS ET LEYLA CABAUX

ILLUSTRATION : LEYLA CABAUX – POUR LE LIVRE : BALANCE TA GRENADE – UN REGARD FÉMINISTE QUI DÉGOUPILLE LA SOCIÉTÉ – ÉDITIONS LUC PIRE – 2021 – Elles sont infirmières, docteures, aide-soignantes, aides-familiales ou à domicile, techniciennes de surface, caissières, éducatrices ou encore institutrices. Elles assurent des métiers essentiels et souvent dévalorisés qui nous permettent de continuer à vivre. Les femmes, en première ligne sur le front du coronavirus, n’échappent pourtant pas au sexisme. Il se répand d’ailleurs aussi vite que le virus. (…) Avec le coronavirus, on pensait qu’on nous ficherait un peu la paix avec notre apparence. Qu’on lèverait le pied avec les injonctions à rester jeune et jolie ! Apparemment, même confinée, une femme se doit de rester séduisante.