ÇA SE PASSE À L’ABBAYE DE FOREST. UN MÉGA-PROJET INUTILE QUI COÛTE, AUSSI UN ABATTAGE DE 169 ARBRES…ET SURTOUT LA GENTRIFICATION QUI SUIT SON « OEUVRE » EN COUP DE POING SUR LES PLUS PAUVRES.

Actuellement, on peut compter 400 personnes qui sont mobilisées en sachant que l’on est dans un quartier perdu le long d’un zoning tout à fait en frange de Bruxelles et donc, c’est un quartier qui n’intéresse à peu près personne.

Il y a des arbres centenaires magnifiques qui nous apportent beaucoup et ils veulent les couper purement pour une question esthétique. Les arbres sont sains.

Les gens vont être privés du seul espace vert qu’il y a. C’est le seul endroit dans le coeur de Forest.

Très réellement, quand on parle de « participation » citoyenne, on se permet doucement de rire. C’est un leurre. C’est du vent.

Toutes les réunions du Contrat de quartier que l’on a eues pendant 4 ans, tout ce dont on avait parlé à ce moment-là, ont juste été mise de côté et « ils » ont fait autre chose sans nous prévenir, sans nous consulter. On se demande pourquoi on s’est mobilisé des soirées pour discuter de ce que l’on allait faire à l’abbaye si ça ne compte pour rien [pour finir]. Les plans qui nous ont été présentés à l’époque ne correspondent en rien avec les plans qui vont être mis en oeuvre [aujourd’hui]. À l’époque on aurait pu réagir, mais on nous a présenté autre chose.

Les questions essentielles n’ont jamais été posées. On ne nous a jamais demandé si on était d’accord d’abattre 169 arbres. On ne nous a jamais demandé si on voulait une salle de spectacle ici. Une grande salle de spectacle pas un petit « kiki ». On ne nous a jamais demandé d’avoir trois Horeca dans l’abbaye. On ne nous a jamais demandé que « ceci » devienne la « place to be » de tous les Bruxellois. C’est extrêmement choquant pour les habitants du quartier. On a l’impression que toute cette affaire de participation c’est du cosmétique. On nous a interrogés, posé des questions. J’ai les rapports de toutes ces participations. On a été envoyé à la gare sauf peut-être pour un point qui est la question de l’eau. Parce qu’en plus, le quartier est soumis aux inondations. Sur cette question-là, il y a quelque chose de concret et de réel qui a été mis en place pour autant qu’on arrive au bout des travaux parce qu’il n’est pas certain que les budgets soient assurés pour la totalité du chantier.

On est dans le « croissant pauvre » de Bruxelles, on est même dans la « queue du croissant pauvre » de Bruxelles et on constate, ce n’est pas mon constat que beaucoup de lieux sont actuellement en proie à une gentrification accélérée. C’est-à-dire à l’arrivée de charmantes personnes peut-être mais qui chassent les habitants du lieu et qui viennent parce qu’en principe les maisons sont moins chères. Ici en gros, on est dans des écoles ghettos. Ici dans le domaine de la santé, on est dans un quartier avec une mortalité plus précoce que dans tout le reste de Bruxelles.

Et après, on nous parlera d’environnement la main sur le coeur. Excuse-moi, je suis fâchée !

On est dans des logements qui sont en comparaison plus coûteux que dans le reste de Bruxelles pour une très bonne raison, c’est que tu as une bonne proportion de personnes qui ne sont pas « légales » ici et qui sont prêtes à payer n’importe quoi pour pouvoir poser leurs valises quelque part. C’est ça, le quartier où on est.

Il y a un taux de chômage forcément carabiné et on a un taux « d’équipements collectifs » dans le quartier tout à fait impressionnant. C’est-à-dire des « équipements polluants » qui sont pour le bien de la ville, mais que nous [les gens] supportons, portons. Par exemple la quasi-autoroute urbaine, le ring à 200 mètres, l’usine de voitures Audi là-bas, mais qui est aussi là-bas et là-bas. Il y a trois déchetteries. Une turbine gaz vapeur pour la production d’électricité. Le TGV. Forest National qui est à 300 mètres au-dessus.

C’est un quartier défavorisé sur toute la ligne.

Ce qui était un projet de rénovation et d’installation pour un quartier à titre local devient un énorme « machin » dont les habitants du quartier n’ont nullement besoin et qui a davantage une vocation régionale que locale.

Est-ce que les gens du coin en ont besoin ? C’est ça, la question. Ce qui me choque c’est que ce projet est complètement déconnecté des gens qui vivent le quartier. Un quartier qui est pauvre et que l’on peut donc prendre au-dessus de la jambe.

Les gens d’une part sont dans l’extrême urgence tous les jours. En plus, il y a un certain clientélisme et en plus il y a des personnes qui doucement ont un intérêt à ce que les choses puissent se passer de la façon prévue. Par exemple dans mon quartier, il y a des gens qui sont dans des associations et qui n’ouvrent pas la bouche. Ils ne mobilisent pas les personnes autour d’eux quel que soit le prix à payer simplement parce que leur « assoc » va avoir un local ici. Et voilà. Sur le coup, ils ne disent rien. Et donc, le bien commun passe après le bien particulier. Ce qui est tout à fait épuisant à se dire.

Nous ne pouvons pas avoir confiance dans des gens qui bavardent, qui disent un truc et puis qui font l’inverse sur le terrain. C’est exaspérant pour les habitants d’avoir ce sentiment perpétuel de se faire rouler dans la farine.

FRANÇOISE, FLORENCE ET HILARIA – https://www.facebook.com/Forestwantssomeair