« IL FALLAIT POUR LA CLASSE DOMINANTE ICI, INVENTER LA RACE INFÉRIEURE ET DONC LA RACE SUPÉRIEURE. IL FALLAIT POUR JUSTIFIER LE CAPITALISME INVENTER CETTE RACE. » (PARTIE 2 ET FIN)

Personnellement je ne crois pas que c’est un refoulement. Parce que ce n’est pas simplement le fait qu’on n’arrive pas à en parler ou que c’est difficile ou qu’il y ait un problème psychologique, c’est qu’il y a des enjeux économiques contemporains qui font qu’on a besoin de reproduire cette vision hiérarchisée de l’humanité.

Comment justifier auprès des peuples de l’Union européenne – cette fois-ci ce n’est pas que la France – qu’on impose les accords de partenariat économiques avec l’Afrique qui l’oblige à ce que 80 % du commerce de sa production soit en aucun droit de douane ? C’est-à-dire, comment expliquer que c’est normal que la multinationale de l’agroalimentaire ici, envoie ses poulets surgelés pour ruiner le petit paysan malien qui produit 40 poulets sur le marché ? Parce qu’aujourd’hui la situation est celle-là. Des poulets surgelés aux hormones ici coûtent 3 fois moins cher que le poulet produit par le petit paysan malien. Je le dis pour le poulet. Vous pouvez le dire pour le riz. Vous pouvez le dire pour toutes les productions. Et donc il y a besoin de justifier cela.

Comment justifier que « nos armées » soient aussi présentes au Sahel ? Comment les européens pourraient-ils accepter qu’on envoie « nos armées » là-bas si on n’a pas l’idée quand même que « sans nous » ils ne s’en sortiraient pas, qu’ils ont absolument besoin de nous, qu’on est obligé d’y aller. C’est pour leur bien. Et donc, les images qui sont issues de la colonisation ne perdurent pas uniquement dans le temps, elles perdurent parce qu’elles sont efficaces au niveau économique.

Le développement ici a été possible par le sous-développement là-bas. Le développement ici a été possible par la misère là-bas. Le développement ici a été rendu possible par les transferts de richesses, des capitaux qui ont été pris là-bas. Comment faire ? On peut ouvrir le débat. Je n’ai pas toutes les solutions mais le débat, on n’en est même pas là. Il n’y a même pas acceptation du principe de réparation. C’est dire l’importance aujourd’hui des débats comme ce soir. Ce n’est pas simplement pour se souvenir, c’est de pouvoir se poser la question de : comment on dépasse cela ? On dépasse aussi par les réparations. – Oui, oui la justice nécessite que les économies riches qui se sont enrichies sur le dos de millions de personnes qui ont été tuées, esclavagisées, colonisées, etc., et bien contribuent par des réparations. On n’en est même pas là puisqu’aujourd’hui on continue à piller. C’est dire le chemin qu’il reste à parcourir.

KHADIJA SENHADJI, SAÏD BOUAMAMA ET MANU SCORDIA

ORGANISATION LE COLLECTIF KRASNY DANS LE CADRE DE L’EXPOSITION : « PARIS, OCTOBRE 61 – ICI, ON NOIE LES ALGÉRIENS. »

COLLABORATION AVEC ZIN TV EN PLUS IL Y A LA VIDÉO ICI : https://zintv.org/video/retour-sur-un-massacre-occulte/

ILLUSTRATION DE L’EXPOSITION : LE MASSACRE DE 1961 À PARIS – AUTEURS : KARIM, MANU, TIBO – 60 ANS APRÈS LES FAITS – 2021 –

http://www.krasnyicollective.com/