ET SI ON REGARDAIT EN PROFONDEUR ET PAS SIMPLEMENT CE QUI NOUS ARRANGE ?

Tu es au taquet sur tout ce qui touche – on peut dire ça comme ça ? – à l’écologie. Tu casses le rêve aussi. Un vrai emmerdeur. Chaque fois que tu diffuses des articles, c’est chaud. Si les gens entendent Nicolas Casaux, qu’ils aillent faire une petite recherche s’ils ne connaissent pas. Donc, moi, je propose de rentrer dans le vif du sujet : pourquoi tu casses tout le temps comme ça ? Je ne pense pas que tu casses, mais c’est une manière de rentrer dans le vif du sujet quoi.

Si certaines personnes ont cette impression-là, c’est malheureusement parce qu’elles croient en des choses qui ne sont pas possibles, qui n’existent pas ou sont incohérentes et c’est vrai que je m’efforce depuis quelques années – effectivement dans le domaine de l’écologie, mais au sens large – d’exposer des vérités qui sont trop peu connues, trop peu discutées, voire purement niées ou occultées, et c’est malheureusement déplaisant pour beaucoup de gens qui s’accrochent à des rassurances, des mythes ou ce genre de chose. En fait, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de gens qui n’ont pas la capacité ou l’envie, la motivation, la force morale suffisante pour affronter la réalité telle qu’elle est parce la réalité n’est pas très, très jolie à vrai dire. Et donc, il y a une propension à vouloir se rassurer, à ne pas vraiment avoir envie de voir les choses en face telles qu’elles sont et malheureusement ça me fait un peu cette réputation d’emmerdeur, trop radical, qui divise le camp écologiste. Il y a plein de petites idées comme ça qui sont absurdes.

D’abord, il faut savoir qu’est-ce que l’on veut ? Qu’est-ce que l’on veut dans la vie ? Comment on définit le problème ? Dans la situation sociale et écologique, qu’est-ce qui pose problème ? Et ça, au final, c’est très rarement une question qui est posée ou de manière très superficielle. On va se contenter de quelques réponses un peu bateau : « ce qui ne va pas aujourd’hui c’est le réchauffement climatique… »

On remarque comme les groupes [par exemple Extinction Rebellion ou les personnalités comme Greta Thunberg], sur le plan social leur analyse est extrêmement faible, enfin ce sont des groupes ou des gens qui n’ont pas grand-chose à dire. Bon, parfois, ils vont critiquer le capitalisme de manière abstraite. On ne va pas trop savoir ce qu’ils désignent par-là et la plupart du temps quand ils parlent du capitalisme c’est pour dire : « La finance ce n’est pas terrible ou il y a des gens qui gagnent trop d’argent, il faudrait un peu mieux redistribuer les richesses », mais il n’y a pas d’analyse poussée du capitalisme. Qu’est-ce que c’est ? Quand ça naît ? Qu’est-ce qui constitue le capitalisme ? Qu’est-ce qui implique de lutter contre le capitalisme ? De sortir du capitalisme ? Ce sont des questions qui ne sont jamais posées par ces gens-là. Quasiment. Et donc, on se retrouve dans tous les domaines avec des débats, des réflexions extrêmement superficiels.

D’un côté, il y a : Il faut sauver la nature. Et de l’autre : Il faut sauver la civilisation industrielle. Ça devrait être évident comme absurdité parce que la civilisation industrielle c’est ce qui est en train de détruire la nature. Vous voulez à la fois sauver la nature et sauvez ce qui détruit la nature. On ne peut pas tout avoir en fait. Quand on part sur des aspirations aussi absurdes c’est normal qu’après on ait des politiques complètement absurdes. Comme le soutien de la promotion des énergies vertes enfin prétendument vertes ou renouvelables, propres ou décarbonées. Ou des technologies dites vertes. Ça peut être les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, les voitures électriques, etc. Toutes ces nouvelles industries sont encouragées et impliquent davantage d’extractions minières, qui impliquent les infrastructures des transports, tous les traitements… Il n’y a rien de vert là-dedans, rien d’écologique. Et du coup, on se retrouve à soutenir ça et à dire, il faut arrêter de détruire la nature. C’est un peu schizophrénique quoi !

NICOLAS CASAUX – https://www.partage-le.com/

ILLUSTRATION : MAQUETTE DE L’EXPOSITION INTERNATIONALE DES ARTS ET DES TECHNIQUES DANS LA VIE MODERNE, 1937, PARIS – POUR MÉMOIRE, ON REMARQUE (note de l’auteur) UN PAVILLON DE L’ AMIANTE ENTIÈREMENT CONSTRUIT AVEC CE MATÉRIAU ET DONT LE BUT ÉTAIT DE VANTER SES MÉRITES DANS DE NOMBREUX DOMAINE !