« JUSTE PASSER UN MESSAGE TRÈS COURT À LA POPULATION. NOUS SOMMES L’OR NOIR AU PAYS DE TINTIN. ET ON RESTE ! » (PARTIE 3 ET FIN)

Moi, j’ai le thème : la guerre aux Arabes.

Avant de passer à la guerre aux Arabes au sens strict et dans quelques détails – on reçoit ici à Bruxelles – , j’aimerais parler un peu d’où on parle, où on est en Belgique et les conséquences que ça a sur notre vision du monde au présent.

Nous sommes en Belgique un pays avec un passé colonial. Un pays avec un présent colonial. Un pays membre fondateur de l’ONU. Dont le premier secrétaire général était belge. Un pays membre fondateur de l’Union européenne. Un pays membre fondateur de l’OTAN. Un pays membre fondateur et permanent du Club de Paris, etc. Un pays impérialiste.

Nous sommes à Bruxelles, capitale de la Belgique. Centre du pouvoir de l’Union européenne. Siège de l’OTAN. Et musée colonial en plein air.

Pour se faire une idée de la quantité de pouvoir présent dans cette ville, il faut avoir à l’esprit qu’il y prolifère plus de lobbyistes qu’à Washington rien qu’auprès de l’Union européenne. Vous avez sûrement entendu parler de ces fameux lobbyistes ces derniers jours grâce au Qatar et au Maroc.

La place qu’occupe ce pays et sa capitale dans le concert des nations est totalement disproportionnée au regard de ses caractéristiques géographiques, démographiques et ethnographiques, si je peux me permettre.

30 000 km², 11 000 000 d’habitants, 3 communautés linguistiques et culturelles. En tout cas, 3 sont légitimes. Cette place, elle la doit en partie au rôle qui lui a été assigné à sa création. Elle est un tampon autour des grandes puissances autour d’elle. Ce qui lui procure mécaniquement une position de carrefour entre ces grandes puissances. Cette place dans le concert des nations, elle la doit surtout à la colonisation, aux pillages, aux parasitages passé et présent du Congo. Un pays d’une superficie de plus de 2 400 000 km², 80 x la surface de la Belgique.

Les quantités de richesse dérobée au Congo et accumulée en métropole lui a permis de se l’offrir cette place. Elle utilise bien entendu cette position au mieux de ses intérêts et de ceux de son camp. Le camp impérialiste. Cette place la Belgique la doit à son passé colonial et à son présent impérialiste. Cette place n’empêche cependant pas la Belgique d’être l’un des pays au racisme antinoir le plus profondément enraciné et le plus répandu.

Cette histoire coloniale belge au Congo débutée à la fin du 19 siècles est aujourd’hui symbolisée par un objet connu de tous les Belges – je pense et de beaucoup d’autres dans le monde – c’est la statue d’un immense cheval avec un énorme Léopold II le chevauchant et regardant vers le quartier général d’une grande banque. Même mort, on ne se refait pas. La statue est Place du Trône ici à Bruxelles. En vis à vis de cette statue de l’autre côté du Palais Royal se trouve une autre statue moins célèbre que la première, mais néanmoins lourde de sens c’est la statue de Godefroid de Bouillon. Acteur de la première croisade qui finira roi de Jérusalem après avoir paraît-il oscit les musulmans par la lame et brulés les juifs dans les synagogues.

Nous sommes donc ici sur une terre où des gens sont partis il y a bientôt 1000 ans pour faire la guerre aux Arabes déjà. Pour prendre Jérusalem déjà. Ces gens sont aujourd’hui considérés par nombre de souchiens comme étant la souche à laquelle il se réfère.

Je vais maintenant sortir un peu de Belgique avant d’y revenir plus tard. Je vais rapidement parcourir quelques épisodes importants de cette guerre millénaire que l’Occident mène aux Arabes. Je ne vais pas parler des autres croisades et vais directement à 1492.

Chute de Grenade. Une fois de plus juifs et musulmans sont massivement tués ou expulsés. Cette chute de Grenade participera par ailleurs de la possibilité pour Colomb d’aller soi-disant découvrir le continent américain et entamer une période décisive dans l’histoire de l’humanité dont les effets sont toujours présents aujourd’hui. Une période de domination. D’abord européenne et puis blanche du monde. [Je vais directement aller plus loin pour survoler la période de colonisation formelle des Arabes]. Elle se fait bien sûr par la guerre, par l’occupation territoriale, par le peuplement parfois massif, par le contrôle et le pillage des richesses, par l’exploitation des populations indigènes, par le partage des territoires entre les Empires, le traçage des frontières totalement arbitraires ne respectant évidemment pas les populations ni les réalités locales, l’imposition d’un système étatique entre autres administratif calqué sur le modèle des métropoles, etc.

La guerre elle se fait aussi par une orientalisation de tout ce qui est Arabe. Un processus savamment et brillamment disséqué et exposé par Édouard Saïd que je ne vais pas détailler ici, mais qui donne aux Arabes des caractéristiques bien connues : menteurs, voleurs, fourbes, fainéants et beaucoup d’autres… Un processus qui consiste à déshumaniser l’Arabe dont l’objectif est de le classer et de le maintenir à un niveau inférieur à celui du blanc dans l’échelle sociale…

LECTURE DE MILADY RENOIR…

SOUHAILA AAMRI : GUERRE AUX MUSULMANS, MOHAMED AMER MEZZIANE : GUERRE IDÉOLOGIQUE, LETICIA ASSEMIEN : GUERRE AUX SANS-PAPIERS/MIGRANTS, VÉRONIQUE CLETTE GAKUBA : GUERRE AUX NOIRS, OLIVIER MARBOEUF : GUERRE À L’ANTIRACISME POLITIQUE, LUIS MARTINEZ ANDRADE : GUERRE À LA NATURE, RAMON GROSGOGUEL: GUERRE À LA VIE, MOUHAD REGHIF : GUERRE AUX ARABES, MICHÈLE SIBONY : GUERRE AUX PALESTINIENS, FRANÇOISE VERGÈS : GUERRE AUX FEMMES

ILLUSTRATION : BRUXELLES, VILLE CONGOLAISE – EMPREINTES DU CONGO BELGE DANS L’ESPACE PUBLIC BRUXELLOIS – PAR THIBAULT JACOBS – 2018 – https://www.ieb.be/Empreintes-du-Congo-belge-dans-l-espace-public-bruxellois