ICI, ON PREND LE TEMPS DE BIEN COMPRENDRE CE QUI SE PASSE. PLUS ON SERA SOLIDAIRE PLUS FORT ON SERA !

On met complètement de côté les intérêts des travailleurs au-delà de la question du fait qu’il y a non-respect de la concertation sociale. C’est-à-dire que c’est une décision imposée aux travailleurs et qu’il y a un contournement d’un certain nombre de législations, mais je ne vais pas renter dans le technique.

Ce qui est très clair pour nous – les travailleurs et les syndicats – c’est que l’intention de la direction du groupe – parce qu’en fait Delhaize appartient à un grand groupe, une multinationale qui s’appelle Ahold Delhaize – est uniquement orientée vers la baisse de se qu’on appelle la masse salariale donc en gros l’entièrté des salaires versés aux travailleurs. Ce qu’ils veulent c’est se débarrasser des travailleurs, se débarrasser des syndicats. Justement de cette fameuse concertation sociale et dégrader les conditions de l’emploi pour ceux qui resteront. Ils veulent le faire en imposant leurs solutions et sans vouloir du tout débattre. Cela dit le 07 mars 2023, ils ont annoncé 3 conseils d’entreprise pour que les travailleurs puissent poser leurs questions et [également] ce qu’on appelle une phase d’informations et de consultations. Ils font ça exprès parce qu’ils sont très bien conseillés juridiquement. Nous notre principale question était : « Est-ce qu’il s’agit d’une décision ou d’une intention et est-ce que l’on peut discuter de l’avenir de l’entreprise ? ». Et la réponse a toujours été :  « Non, on veut bien [juste] discuter d’un accompagnement. » Donc, en gros, comment on fait avaler la pilule aux travailleurs et évidemment pour nous ce n’est pas du tout ça la question.

Il faut savoir que ce qui se passe aujourd’hui chez Delhaize concerne tous les travailleurs du secteur en fait et même au-delà. On a aujourd’hui deux entreprises, l’une Delhaize et l’autre Intermarché qui sont dans un processus similaire qui concerne d’un côté 2000 travailleurs et de l’autre 9000 travailleurs. Ça fait 11000 travailleurs qui demain risquent si on les laisse faire de se retrouver face à un gérant indépendant dans une posture qui sera encore moins favorable que la posture dans laquelle ils sont maintenant.

Il faut quand même rappeler que dans le commerce on n’est pas dans un secteur où comment dire, les salaires sont hauts. Je vais prendre un chiffre qui est issu des statistiques belges – ce n’est pas un chiffre des syndicats – qui dit clairement que les salaires dans le commerce sont 30% inférieurs aux salaires moyens en Belgique. Le commerce un des cinq secteurs le plus mal payés. Alors, parlons des conditions de travail. C’est un travail qui est très peu valorisé socialement à part pendant le Covid où là, on leur a dit merci. Mais en dehors de ça, il n’y a pas beaucoup de respect en fait pour ces travailleurs…

Aucune maladie professionnelle qui est reconnue. Aucune dans le secteur du commerce.

On est face à un métier difficile qui est déjà trop peu valorisé et qu’on va encore dégrader par le passage en franchise.

Dans la totalité des magasins franchisés, on n’a pas de délégation syndicale. Là, où ce n’est pas obligatoire les employeurs refusent la mise sur pied d’une délégation syndicale. Parce que c’est d’avoir quelqu’un ou une, deux, trois, cinq personnes qui vont contrôler et discuter. Faire remonter à l’employeur les revendications des travailleurs.

On a eu une collègue qui s’est fait arrêter à Mons et cinq personnes en Flandre. Nous, on dit, le policier peut nous demander notre carte d’identité ça bien sûr dès lors où on commet une infraction. À partir du moment où l’on donne un tract aux clients, on ne fait rien de mal. Et sur la question que certains patrons clament très fort de droit au travail, il faut savoir que dans le conflit Delhaize, jamais un travailleur n’a été empêché de renter dans le magasin. Ça n’existe pas. On a eu des policiers agressifs…

La meilleure défense c’est le collectif. Je pense que la justice ici par rapport à ce qui se passe depuis le début du conflit a clairement montré qu’elle était favorable à l’employeur.

On a eu les autopompes aussi. La direction essaye de faire passer les travailleurs qui défendent leurs droits pour des bandits.

Se battre plus pour moi aujourd’hui passe par l’élargissement de la lutte. Le but c’est ça, construire le rapport de force. Pour construire le rapport de force pour nous, c’est surtout par l’élargissement de la lutte. Qu’il y ait encore plus de solidarités notamment dans d’autres enseignes du commerce. C’est pourquoi on appelle à une manifestation interprofessionnelle lundi 22 mai 2023 à 10h00 à la gare du nord.

MYRIAM DJEGHAM SECRÉTAIRE NATIONALE DE LA CNE (Centrale Nationale des Employés est le syndicat des employés) POUR LE SECTEUR COMMERCE

PHOTO : SOUTIEN AUX GRÈVISTES SUR LE MUR DE LA GARE DU MIDI – 2023