JOURNALISME INDÉPENDANT. Propagande de guerre. Médias mensonges. Complots…

Je pense que ce système actuel est intenable. Ce système est basé sur l’exploitation toujours plus forte. On voit des fortunes qui s’accumulent. On voit maintenant 8 personnes qui possèdent autant que la moitié de l’humanité. On voit que les crises économiques ne peuvent pas s’en sortir. Les crises politiques non plus. Les partis sont discrédités. On voit que les pillages des pays du Sud (Afrique, Amérique latine, Asie) ça continue. On voit que ça déclenche de plus en plus de guerres. Et ils (le capitalisme) n’ont pas de solution à ces problèmes. D’autant plus, que le capitalisme est en train de détruire la nature. Parce que le capitalisme au fond, c’est du gaspillage par essence. Une grande compagnie ne peut pas survivre sans croître, sans augmenter sa production, sans faire plus que ses rivales. Les grandes compagnies sont obligées de persuader les gens, les consommateurs (comme on dit) qu’ils ont besoin de ces produits ( même quand ces produits sont inutiles) de mauvaise qualité. On oblige les gens à gaspiller les matières premières en sachant qu’elles sont finies. Le capitalisme est intenable pour la planète et sur ce point-là, pas mal de gens sont en train d’en prendre une petite conscience…Je crois, oui, vraiment que de plus en plus de gens vont se rendre compte que les multinationales sont incompatibles avec l’avenir de l’humanité. Pas d’avenir pour nos enfants…Les multinationales, les grands actionnaires : on parle de 3.000 familles qui dominent le monde. Tant qu’ils seront au pouvoir, il n’y aura pas d’avenir pour nos enfants. Je crois que les choses vont devenir de plus en plus claires pour les gens à condition que nous (à voir qui c’est le nous) fassions notre travail. Premièrement d’information. Dire comment les infos sont manipulées (sur les guerres, sur les questions Nord-Sud, les questions riches-pauvres, les questions de la crise). Chercher soi-même les infos véritables dont on a besoin pour comprendre la situation et ensuite réfléchir, débattre démocratiquement qu’elles sont les alternatives, quelle société on veut construire. Je suis tout à fait convaincu qu’il n’y a pas d’autres solutions pour l’humanité. Mais dans quel délai ça peut se réaliser ? Je ne peux le dire. Je ne pense pas que je le verrai. Ça dépend de nous tous, de notre façon de travailler. Il ne faut pas se poser la question : est-ce que ce système va continuer ? Mais se poser la question : comment je fais pour accélérer le passage à un système dans lequel, les gens vivront beaucoup plus heureux.

Quand je dis : Médias, je fais une distinction. Premièrement, les grands médias mainstream. Je fais une distinction entre médias et journalistes. Je sais bien que la grande majorité (pas tous) des journalistes cherchent à faire leur boulot honnêtement. Ils ont parfois des choses (quand on les laisse faire) qui peuvent être valables, bien que partielles. Je ne suis pas dans : tous les journalistes sont pourris. Le système des médias est tellement contrôlé que la vérité ne peut filtrer qu’à toute petite dose et que globalement les gens se font occulter la réalité. Les médias fonctionnent comme ça parce que ceux qui ont le pouvoir dans les médias, ce ne sont pas les journalistes, mais leur patron. La presse française – 90 % des grands titres de la presse sont aux mains de milliardaires français, mais vraiment de milliardaires. Des gens très crapuleux comme Bolloré qui a construit une fortune épouvantable en Afrique…En Belgique, c’est moins concentré qu’en France, mais il faut de toute façon savoir que nous avons le même territoire linguistique culturel donc on regarde les télévisions françaises. Les journaux de référence c’est Le Monde, c’est Libération. Je pense que c’est quand même important de dire que les médias français sont contrôlés par 9 milliardaires, souvent liés à Israël. Certains liés aux commerces des armes et donc, ils sont juges et partie. Ils ne sont pas neutres et objectifs. On a beaucoup d’exemples où des journalistes essayent de ruer dans les brancards et où on les met dehors. Hervé Kempf par exemple qui a été mis à la porte du journal Le Monde parce qu’il couvrait les questions d’environnement d’une façon trop objective, trop engagée, trop indépendante vis-à-vis des intérêts des multinationales.

Les médias ne sont pas libres d’informer correctement. 1 – Parce qu’ils sont la propriété d’une catégorie sociale bien précise : les milliardaires. Ils vont forcément ne pas permettre à leur journaliste d’expliquer au public, pourquoi eux sont devenus riches tandis que le public s’appauvrit. 2 – Le facteur de la publicité est fondamental parce que l’audiovisuel public et les dotations de l’État belge ou de l’État français sont tout le temps en réductions. On oblige ces télévisions à vivre de la publicité qui est faite par les multinationales. Évidemment, la censure sur les programmes télé n’est pas totale sinon ce serait trop visible et ça provoquerait des réactions. Donc, une censure bien réelle. 3 – Un troisième filtrage de l’information – et Edward Herman et Noam Chomsky l’avait expliqué avant moi – je n’ai fait que reprendre. C’est qu’il y a des liens très étroits entre l’élite économique, politique et médiatique. Quand vous voyez le Council on Foreign Relations ou le groupe Bilderberg ou la Commission trilatérale qui sont un peu les think tanks, les clubs de réflexion et de stratégie de l’élite capitaliste mondiale, vous voyez –  aux côtés des grands patrons et actionnaires – des toutes grosses multinationales des principaux dirigeants politiques. Parfois même des dirigeants militaires et des services secrets des États-Unis..et…et…des patrons d’une série de grands médias. Vous aviez David Rockefeller, le patron d’ExxonMobil, la Chase Manhattan Bank…David Rockefeller disait : Nous sommes très reconnaissant envers les médias qui depuis 30 ans que nous nous réunissons n’ont pas communiqué au public – ils ont été très discrets – ce sur quoi nous discutons. Ce qui nous a permis d’être efficaces. Donc, c’est quoi ça ? Des patrons, des médias soi disant quatrième pouvoir qui vont manger, boire, papoter avec les décideurs du monde capitaliste. Là, on a un filtrage très important. 4 – C’est un filtrage très important également, car il va répondre à la question : pourquoi les journalistes n’en parlent pas ? C’est que comme je l’ai dit : Les journalistes ne sont pas tous pourris. Ils sont comme nous tous, soumis à l’idéologie dominante. On vit dans une société où il y a toute une série de clichés, de préjugés, de stéréotypes sur bien entendu l’oppression des femmes, sur les questions racistes et coloniales et sur le fait que le capitalisme est le meilleur système pour l’humanité et que l’on ne doit pas chercher ailleurs, etc. Tout ça, sont des clichés qui nous sont mis dans la tête par l’école et puis après par les médias et qui imprègnent les journalistes eux-mêmes et les empêchent de réfléchir, de prendre une distance critique vis-à-vis du système dans lequel ils travaillent.

Donc, ces 4 filtres : la propriété, la publicité, les relations directes avec le pouvoir et l’idéologie dominante font que les journalistes ne sont pas libres d’informer dans ce système-là. Et bien souvent, ils l’intègrent. Ce n’est pas une censure, ce n’est pas un ministre qui téléphone à 07h25 pour dire : ça ne peut pas passer dans le JT. Ça ne fonctionne pas comme ça. Ça fonctionne par l’intégration de ce que l’on peut dire et ce que l’on ne peut pas dire. Une partie des journalistes dégoutés vont faire autre chose ou ils finissent par devenir complètement frustrés et font leur travail parce qu’il faut bien nourrir ses enfants. Voilà, on est dans un système qui ne permet pas aux citoyens de comprendre le monde où ils vivent et le meilleur symptôme, c’est justement les dirigeants des journalistes vedettes des grands médias. Ils refusent de discuter avec ceux avec qui ils ne sont pas d’accords. Le débat est circonscrit entre ceux qui sont d’accord sur les grandes valeurs et puis après ils peuvent diverger sur des aspects secondaires. Ils refusent de discuter avec des gens comme nous. Avec des gens comme Chomsky et Herman. Avec des gens comme Jean Bricmont, comme Saïd Bouamama. Toute une série de gens. Il y en a d’autres que nous. Il y a le Grand Soir qui est un site internet à Paris qui est formidable. Il y en a toute une série et tout ça est qualifié de complotiste. – On ne peut pas discuter avec ces gens… ils sont fous…ils sont délirants…ça n’en vaut pas la peine… – La véritable raison pour laquelle vous refusez le débat, c’est qu’au fond de vous-mêmes, vous vous doutez bien que vous n’avez pas les arguments, vous n’allez pas gagner cette discussion et que les gens risquent de voir que votre information n’est pas fiable. Pour moi, (traiter son contradicteur de complotiste alors que je passe mon temps à expliquer que le complotisme n’est pas la manière de comprendre la société) traiter ses contradicteurs de complotistes est un aveu d’impuissance. Un aveu de faiblesse, un aveu que l’on refuse le débat démocratique. On refuse que les citoyens puissent se faire une opinion par eux-mêmes.

MICHEL COLLON – https://www.investigaction.net