FAYÇAL CHEFFOU N’EST PAS (le) TERRORISTE (de Zaventem) MAIS (il est) TERRIBLEMENT TERRORISÉ. J’ai été accusé par la justice mais mon procès a été fait par les médias et c’est ce que l’on voit actuellement avec d’autres affaires.

Les médias deviennent des tribunaux, les plateaux de télévision deviennent des tribunaux et ce sont des personnes qui n’ont pas accès aux dossiers qui vont créer, essayer de diaboliser.

Quand vous êtes accusés de terroriste, vous n’avez plus rien comme droit. Plus de présomption d’innocence. Tu n’es (plus) rien. Tu n’existes même plus.

Une fois que cette inculpation tombe, le parquet communique à la presse, aux journalistes…

Le juge m’inculpe pour participation à un groupe terroriste, assassinat terroriste et tentative d’assassinat terroriste. Ces chefs d’inculpation sont graves et les médias quand ils voient ça, ils tirent une conclusion en disant : Ah ben tiens, on a  attrapé – l’homme au chapeau – et s’il a été inculpé de ces trois chefs d’inculpation, ben ça peut-être que le véritable terroriste. Tout en oubliant fondamentalement la présomption d’innocence…

D’abord la communication du parquet donne mon prénom et la première lettre de mon nom de famille. Donc, mon nom de famille n’est pas annoncé par le parquet mais il apparaît quand même. C’est-à-dire que les médias écrivent Fayçal Cheffou. Mon nom de famille apparaît alors que le parquet ne l’a pas donné (?) Là, il y a violation du secret de l’instruction. C’est clair.

Qui peut donner cette information mise à part les policiers ? Dans mon affaire, il y a eu une perquisition chez moi filmée par les journalistes. Ils connaissaient mon adresse en tout les cas. Mon nom de famille et le nom de famille de ma mère. Pour obtenir ces informations qui sont confidentielles, il ne peut y avoir que violation du secret de l’instruction (?) Dans ce genre d’affaires et bien même des policiers vendent ou donnent des informations aux médias.

(Les policiers) – Au lieu de faire des rapports au juge d’instruction ou au procureur, ils font des rapports aux journalistes. Certains journalistes font du sensationnel sans preuve…Il y a peut-être un ou deux médias qui ont été prudents, mais sinon tout le reste n’a pas utilisé le conditionnel. C’était : Fayçal Cheffou est le troisième terroriste de Zaventem alors que cela aurait dû être : Fayçal Cheffou serait le troisième terroriste de Zaventem ??? C’est important. Et ce qui est malhonnête dans mon histoire, c’est qu’après ma libération et bien là, les titres ont changé. Les rédactions ont pris leurs articles et ont modifiés, changés les titres pour que je ne dépose pas plainte. Parce que maintenant, je peux me défendre.

Les médias me diabolisaient. Ils étaient en train de créer un personnage qui n’était pas moi. Il y avait des personnes qui disaient que j’étais un extrémiste et qui soi-disant me connaissaient…

Le bourgmestre (Yvan Mayeur) qui disait que j’étais un recruteur. Pas – je serais… il recrutait –  Il recrutait carrément. Donc, je recrutais et il n’y avait aucune preuve et pourtant tous les médias le disaient. Pourtant tous les médias disaient que j’étais : l’homme au chapeau.

Au commissariat, il y a des policiers qui m’ont clairement dit : On sait que ce n’est pas le bon, mais on fait comme si on avait le bon. Cette phrase, je ne l’oublierai jamais de ma vie. C’est parce qu’en fait, je comprenais que les flics étaient soumis à un stress pas possible.

Dans la Charte de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes), il y a le point où les journalistes qui font des fausses news donnent des fake-news et bien, la première chose à faire, c’est de rectifier. Rectifier. Certains journalistes ont pris la peine de me contacter pour rectifier et je les salue. C’est tout à leur honneur. Et il y a en d’autres qui se disent professionnels qui travaille dans des grands médias, qui n’ont pas pris la peine de rectifier les erreurs. Ils ne l’ont pas fait alors que c’est mentionné clairement dans la Charte (de Munich).

Aujourd’hui, je garde les mêmes chefs d’inculpation que le vrai terroriste jusqu’à la fin de l’enquête. Je sais, les gens n’arrivent pas à comprendre ça. Mais c’est la procédure en Belgique. Quand vous êtes inculpés par un juge d’instruction, il n’y a que la chambre du conseil qui peut vous désinculper. Je dois attendre la fin de l’enquête des attentats de Bruxelles pour pouvoir être convoqué et espérer un non-lieu ou un acquittement ou ce genre de chose. En attendant, je suis là et je vis avec cette inculpation et qui me laisse infréquentable, qui ne me laisse pas vivre.

Je ne peux pas travailler, reprendre une vie comme tout le monde. Tu tapes mon nom sur internet et tu vois : terroriste, et cetera. Rien que pour reprendre une vie normale, déposer un CV…C’est une erreur, mais je reste avec cette saleté écrite sur moi à l’encre indélébile et c’est ça les médias aujourd’hui qui est problématique. Tu trouves encore de la diffamation écrite sur moi à l’heure actuelle.

On ne peut pas comprendre ce que je vis tant que l’on n’est pas à ma place…C’est hypertraumatisant. J’ai été arrêté à plus de 5 reprises. Imagine le traumatisme…et je ne sais pas comment j’arrive à tenir si ce n’est en racontant. C’est pour ça que je tiens. C’est parce que je dégage un maximum. Je raconte. On ne m’a pas proposé un soutien psychologique. Rien. C’est moi qui dois me débrouiller pour trouver quelqu’un qui peut m’aider…

FAYÇAL CHEFFOU