Qu’est-ce que ça raconte UN ABATTOIR EN VILLE ? Visite guidée avec CATALINE SÉNÉCHAL + PAROLE AUX GENS.

Je travaille pour un projet qui s’appelle : FORUM ABATTOIR qui depuis 3-4 ans investigue la place de l’abattoir en ville. Investigue pourquoi ? Parce qu’il y a des projets de développement sur le site et on s’est dit qu’il était important qu’il y ait une participation de la part des habitants (au sens large) sur son devenir. Une des choses que l’on fait, c’est des balades qui nous permettent d’entendre les remarques, les besoins de ceux qui sont usagers du site. De ceux, qui y travaillent. De ceux qui vivent en ville à côté du site et de ceux, qui viennent acheter pour remplir leurs caddies.

La plupart des gens viennent avec les transports en commun pour le grand marché qui a lieu 3 fois par semaine. Le vendredi, le samedi et le dimanche. Sur les trois jours, se déplacent bien 100.000 personnes.

C’est un abattoir semi-industriel avec à peu près 400 à 500 bovins et 3500 porcs qui sont tués par semaine. Il y a deux lignes d’abattage. Quand je dis semi-industriel, c’est parce que ce sont des chiffres que l’on retrouve plutôt par jour dans les gros abattoirs.

Chez les urbains, les liens que l’on a avec la campagne, il y en a peu. Moi, j’avais une grande tante qui avait une ferme mais mes enfants n’ont plus ce lien…parce que la grande tante, elle est morte et que dans la famille proche, il n’y a plus ce lien. Et donc, aujourd’hui, la manière dont on consomme la viande, est à travers des professionnelles uniquement. Des bouchers ou des supermarchés avec le fameux steak en barquette qui fait que l’on n’a plus de lien avec l’animal tel qu’on le voyait. L’animal devient un objet.

Oui, on a un rapport particulier à la mort aujourd’hui. On veut surtout qu’elle soit douce, je pense. Et tant mieux quelque part. Personne n’a envie de souffrances quand on meurt. On aurait envie, on rêverait de pouvoir consommer de la viande en espérant que l’animal n’ait pas souffert lors de son élevage ou de son abattage. Mais tout passage de la vie à la mort, à mon avis, crée une souffrance. C’est compliqué de faire l’impasse là-dessus.

Moi, je trouve cela un peu hypocrite de se focaliser uniquement sur l’abattage. Il y a aussi toute la façon dont on traite l’animal avant l’abattage. Je suis plus choquée par une sorte de dévalorisation de l’animal qui n’a pas de valeur en soi. Il aura juste son poids au kilo qui va être déterminé. Moi, c’est cela qui me choque. Ce n’est pas le fait d’enlever la vie de l’animal.

CATALINE SÉNÉCHAL + LA PAROLE DES GENS PENDANT LA VISITE