Que pensent monsieur et madame tout le monde de madame et monsieur tout le monde avec UN GILET JAUNE ? + ON ÉLIMINE DANS LE SILENCE UNE FAMILLE ROM AVEC SES SIX ENFANTS (le plus petit a 2 ans et le plus grand en a 13), QUI VIVAIENT DEPUIS PLUSIEURS MOIS, DERRIÈRE LA GARE DE NAMUR DANS UN BARAQUEMENT. IL FAUT ÉCOUTER LES JUSTIFICATIONS DE LA VILLE. LA HONTE.

[À] Monsieur Prévot (Bourgmestre de la ville de Namur),


Suite à votre courrier, j’ai contacté votre service de cohésion sociale. Vos travailleurs sociaux ont les poings liés. La commune leur dit qu’on ne peut rien faire pour les Roms. Les travailleurs sociaux sont vos employés. Ils craignent pour leur emploi et répondent donc à vos injonctions. Ils n’ont aucune marge de manoeuvre. Un assistant social m’a affirmé que la seule solution serait l’emploi et que la Ville serait en mesure d’offrir une telle solution si il y avait une volonté politique dans ce sens. Ce n’est pas le cas. Tout ce que les travailleurs sociaux ont pu proposer à la famille est d’aller à Bruxelles demander à être logée au SAMU social. Est ce une blague ? Je suis assistante sociale à Bruxelles et la situation des SDF là-bas est bien plus dramatique que chez nous. Évidemment que la famille rejette cette proposition d’aller à Bruxelles. C’est du bon sens !


Quant à votre échevine de la cohésion sociale, d’après le Centre de Médiation des Gens du Voyage que j’ai contacté aussi, elle utilise autant qu’elle le peut la nouvelle loi anti-squat. La famille d’Asty Moulin a été expulsée sans ménagement de plusieurs immeubles abandonnés. On préfère même les raser que de les y laisser. Criminaliser la pauvreté: étonnant quand la Cohésion Sociale dit vouloir contribuer à l’amélioration  de la qualité de vie de tous les citoyens et particulièrement les plus fragilisés et démunis…


Je vais tous les deux jours à Asty Moulin. Y êtes vous allé? Le camp est propre. Les occupants demandent souvent des sacs poubelles aux citoyens qui les soutiennent pour que leurs déchets ne traînent pas. Je n’y ai jamais senti les mauvaises odeurs que vous décrivez et les promeneurs ne sont pas embêtés dans leur promenade si ce n’est que peut-être, ils préféreraient que la misère soit davantage cachée…


Le site Natura 2000 est respecté. Les occupants sont bien conscients de la catastrophe que serait pour nous occidentaux de couper trois arbustes pour chauffer un enfant qui a froid ! Ils préfèrent donc demander des palettes afin de faire du feu. J’ai honte !


Dans votre courrier, vous me parlez des riverains qui se plaignent mais n’évoquez jamais ceux qui soutiennent les familles présentes, font les lessives, leur ouvre leur salle de bain, leur apporte de l’eau, à manger, du réconfort. N’avez-vous eu aucun courrier en faveur des familles présentes ?


Vous évoquez notre point de vue occidental qui admet difficilement voir des enfants dormir dehors. Monsieur Prévot, pensez-vous que les Roms aiment voir leurs enfants grelotter, avoir faim et ne pas aller à l’école? Personne ne loge dans un cabanon moisi de gaieté de coeur. Ils le disent. Ils n’en peuvent plus de cette situation. Personne ne fait le choix de la pauvreté ! Ces gens, contrairement à nous sont nés au mauvais endroit au mauvais moment. On ne peut pas dire que leur situation est leur choix.


Évidemment qu’il ne faut pas éclater la famille. Leur solidarité familiale est tout ce qui leur reste. Évidemment que les séparer serait un acte d’une grande violence. Ça le serait pour n’importe quel être humain. Et les Roms en sont Monsieur Prévot !


La solution est simple: l’emploi. Elle est de votre ressort. Donner du travail au père et il pourra subvenir aux besoins de sa famille.


Et s’il vous plaît, n’invoquez surtout pas la réaction que pourraient avoir nos chercheurs d’emploi belges si vous aidiez un sans-papier. Quand la commune achète un dessin au bic pour 25000 euros, quand l’entretien de votre tortue coûte des milliers d’euros, quand vous pondez des projets démesurés coûteux et inutiles, vous n’avez pas l’air de vous soucier de ce que peuvent en penser nos chômeurs.


Et ne renvoyez pas la balle à d’autres niveaux de pouvoirs. C’est si facile de dire que les autres sont responsables. Vous avez une solution en main, très simple: l’emploi.


Sachez que contrairement à vos affirmations, la famille est demanderesse d’un emploi, d’un logement, de stabilité, de scolarité et de sécurité pour ses enfants. Ils ne sont pas nomades et n’ont pas choisi d’être expulsés sans arrêt. Ils ont fuit un pays où leurs droits étaient bafoués dans l’espoir de trouver une vie meilleure. Ils n’ont rien, c’est une situation extrême et si vous le vouliez, vous pourriez la résoudre. Vous avez le pouvoir d’agir Monsieur Prévot. Utilisez-le avec humanité.


Pour finir, il est révoltant de dire que leur culture est telle que l’on peut relativiser un peu le danger que nous estimons pour eux. Un enfant est un enfant. Vos enfants souffriraient de devoir dormir dehors par ce froid de canard. Les miens aussi.

Pétru, Moundra, Vétouta, Youtsa, Maria et Larissa aussi…


Arrêtons de tergiverser !


Avec mes respects Monsieur Prévot,

ELISE THIRY