GILETS JAUNES, DÉMOCRATIE, EUROPE…(PARTIE 1). ÉTIENNE CHOUARD [et les autres intervenants] CENSURÉ À L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES…CE QUE JE VIS SUR LES RONDS-POINTS – PARCE QUE JE PASSE DE VILLE EN VILLE DANS LE PAYS ET JE LES VOIS [les gilets jaunes] DÉTERMINÉS. CE QU’ILS FONT EST EXEMPLAIRE…

Comment ensemble reprendre notre destin en main ou encore remettre en priorité première la souveraineté du peuple ?

Nous voilà piégés, nous simples citoyens belges dans des politiques qui ne portent pas l’intérêt général, mais qui mettent en place l’idée de concurrence libre et faussée et qui sur le terrain gomment les acquis sociaux, diminuent les salaires, transforment le travail en job payé avec des cacahuètes. Nous le savons tous, ce n’est pas acceptable. Ce n’est plus la démocratie. Que faire ?

C’est très important pour le pouvoir de mettre les mots à l’envers de façon à nous empêcher de penser à l’endroit. Quand on parle de constitution – alors que c’est une prison – on n’arrive plus à penser que ce qu’il nous faut c’est une constitution. De la même manière que quand on utilise le mot démocratique pour parler d’un régime dans lequel le DÉMOS = LE PEUPLE n’a aucun KRATOS = POUVOIR. On n’arrive pas à penser que ce qu’il nous faut c’est de la démocratie puisque l’on nous répond tout de suite qu’on là. Donc, c’est très, très astucieux de mettre les mots à l’envers et c’est une des premières actions des humains qui veulent s’émanciper [que de mettre les mots à l’endroit].

Nous n’avons aucun moyen de résister aux pires maltraitances. Là, d’où je viens, dans mon pays, ils nous éborgnent quand on descend dans la rue. On est sans arme. On est là, les bras écartés à genoux…c’est un symbole quoi… – Vous n’allez quand même pas nous tirer dessus ? On leur tire dessus ! Et on les éborgne. Et à ce degré-là de tyrannie, on a toujours aucun moyen de résister. Rien de rien. Si on ne voit pas aujourd’hui que l’on n’a pas de constitution et que l’on n’est pas dans un État de droit, si on ne le voit pas aujourd’hui, on ne le verra jamais.

Cela n’a jamais été aussi clair. Et pendant ce temps, les banquiers se goinfrent. Les marchands de béton, de canons font goinfrer, goinfrer au dernier degré parce qu’ils ont permis d’élire le mec qui a le pouvoir et il renvoiS l’ascenseur. Comme un chef de bande qui vient de gagner une guerre et qui distribue le butin à ses copains gredins. En fait, l’État de droit est une parure, un décor et si vous grattez et vous essayez de comprendre où est votre puissance politique, vous allez vous apercevoir que vous n’en avez pas.

Nous n’avons que les moyens de désigner nos maîtres. Oui, c’est vrai, avant on ne pouvait pas désigner nos maîtres c’était la monarchie absolue et le progrès est d’avoir eu la possibilité de désigner ceux qui vont tout décider à notre place.

C’est notre faute à nous. C’est parce que nous les laissons faire. C’est parce que nous nous désintéressons de ce sujet. On considère que ce n’est pas nos affaires. – Moi, une constitution, je ne sais pas trop ce que c’est (?). Je n’ai jamais fait. Je n’ai pas très envie puis je n’ai pas le temps. Puis, j’ai foot. Et c’est ça, notre problème. Le fait que ce soit nous la cause – et c’est ce qui est en train de se passer chez les gilets jaunes – ils sont en train de se rendre compte de ça. Ils font des ateliers constituants. Ils sont occupés à se transformer et ça, ça-va tout changer. Et s’il y en a aussi en Suisse, en Belgique et dans les pays francophones d’abord puis ensuite dans les autres pays du monde…Et si les humains se mettaient enfin à cesser de démissionner du processus constituant. C’est très pratique aussi, ce n’est pas du tout théorique. Là, ce que je vous dis est théorique, c’est une idée. Mais après ça, on s’en occupe de façon pratico-pratique. On s’entraîne à écrire les articles de la constitution. Et alors-là, c’est épatant.

En quoi les gilets jaunes sont exemplaires ? Ces gens-là sont les damnés de la terre. Enfin, il y a pire qu’eux quand même, mais enfin ils sont très, très maltraités. Ce sont des gens qui n’ont pas beaucoup d’argent et que l’on présure au dernier degré en leur mentant comme des arracheurs de dents. C’est-à-dire qu’on leur raconte qu’on augmente la taxe sur l’essence pour l’écologie alors qu’en fait le Macronleaks (les scandales des mails) dévoile que ces gens sciemment, volontairement, cyniquement, crapuleusement ont décidé d’appeler ça une taxe écologique alors qu’en fait c’est pour financer le C.I.C.E (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi). Le C.I.C.E chez nous , reçoit un cadeau de 20 000 000 000 milliards d’euros par an. C’est beaucoup d’argent. C’est passé maintenant à 40 000 000 000 milliards d’euros par an qui sont donnés aux entreprises, aux grandes entreprises qui ont permis de faire élire Macron.

Les gilets jaunes excédés de ces mauvais traitements sortent de chez eux. Comme nous devrions sortir de chez nous. Ils se retrouvent sur des endroits publics comme nous devrions le faire. Sur ces endroits publics, ils refont société. Nous devrions abandonner nos télés. Ils le font de façon pacifique. Fraternel. Ils sont adorables ces gens. Les médias nous disent qu’ils sont des brutes, des salauds mais ce sont des menteurs. Les médias mentent. En France (je ne sais pas en Belgique mais ça doit être du même tonneau), il y a 9 milliardaires qui ont acheté tous les journaux du pays. Tous. Il en reste 2 je crois. Mais pourquoi les milliardaires achètent les journaux ? Ce n’est pas pour gagner de l’argent. Ils en perdent…

Ils font très attention [gilets jaunes] à garder baissés les drapeaux. Les drapeaux de gauche et de droite. Les drapeaux syndicaux. Ils sortent avec une détestation de la représentation. Ils ont l’impression et ce n’est pas qu’une impression d’avoir été trahis par leurs représentants depuis des décennies. Depuis, 20, 30, 40 ans. Ils ne veulent plus de représentants. Et ils ne veulent plus entendre parler de politique disent-ils. En fait, ce qu’ils font est extraordinairement politique. Au meilleur sens du terme. Ce qu’ils ne veulent plus ce sont des politiciens.

Pour rester unis ils ne veulent pas que l’on voie qui est de droite, qui est de gauche. C’est super important. Nous devrions faire ça. Ils sont exemplaires parce qu’ils veulent rester unis. Ils savent bien que le peuple uni va toujours gagner et que le peuple désuni va toujours perdre. C’est décisif ce truc-là et ce n’est pas gagné.

Le problème c’est que les syndicats par exemple viennent avec leurs habitudes de partis et leurs habitudes sont de détester tous les autres partis. Chaque parti a une détestation des autres. Les gens des partis – ce sont des copains, ce sont des gens que j’aime bien – sont des machines à gagner les élections. En tous les cas de considérer les partis comme des adversaires qu’il faut vaincre et ne pas convaincre. Les partis et syndicats en se mettant dans le mouvement des gilets jaunes voient des gens de groupes adverses et disent qu’il faut les chasser. Mais c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire. Donc, ce n’est pas gagné encore.

Dans la liste qu’on établit les gilets jaunes, il y a plein de points législatifs. Il y a un meilleur salaire. Un SMIC qui est décent. Des indemnités pour les handicapés, des minima vieillesse, des HEPAD où les gens sont bien traités. Enfin toutes une série de lois à prendre et au milieu de ces lois, il y a une ligne qui scintille comme une pépite, comme un lingot d’or, c’est le Référendum d’Initiative Citoyenne.

Le Référendum d’Initiative Citoyenne n’est pas une mesure législative. C’est une mesure constituante. Ce n’est pas une loi à prendre, c’est une façon d’écrire les lois dans laquelle le peuple est celui qui choisit et décide les questions. C’est une bombe atomique dans le système de domination parlementaire. C’est l’antidote au poison oligarchique.

ANNE-EMMANUELLE BOUREGAUX, CONSTITUTIONALISTE – KRISTINE POTTIE, INITIATIVE CITOYENNE CETA – RAF VERBEKE, https://constituante.be/ – ÉTIENNE CHOUARD, LES GILETS JAUNES, DÉMOCRATIE, RIC –