ET QUOI, LES STREET MÉDICS SOIGNENT AUSSI LES FLICS ÉBORGNÉS ?

Les street médics s’organisent depuis une grosse année à Bruxelles mais, aussi ailleurs. Tous les membres ne sont pas de Bruxelles.

Mettre en commun les expériences, les conseils, le matériel et simplement s’organiser…

C’est sûr que la pratique des street médics a beaucoup marqué les esprits depuis le mouvement des Gilets Jaunes. Mais si je dois te faire un petit historique rapide, la pratique des street médics est apparue dans les années 1960. Elle est apparue aux États-Unis au sein du mouvement pour les droits des Afro-Américains. À l’époque les manifestants étaient confrontés à la violence des répressions policières et à la difficulté de trouver des soins. Parce qu’il y avait beaucoup d’hôpitaux et des médecins qui refusaient de soigner les « Noirs ». Et donc, la pratique du street médic est née là-bas. On a aussi vu qu’elle est née assez rapidement en Palestine pour les mêmes raisons en fait.

Donc, c’est une pratique qui est assez longue, assez vieille quand même et qui a pas mal évolué, mais je dirais que la pratique du street médic…moi, je la considère comme une pratique autonome. Dans le sens qu’elle apparaît quand il y a besoin. Pour moi, être street médic ce n’est pas un fin en soi. Je ne me suis jamais levé un matin en disant : « Tiens, j’ai envie d’être street médic. » Simplement en étant confronté à de la répression, à de la violence policière, ben en fait, il y a besoin de street médics et donc, il y a des gens qui s’organisent pour.

Le street médic est une pratique autonome qui naît au sein des mouvements sociaux qui en ont besoin. Avant tout, on est des manifestants avant d’être des médics. Pour moi, être médic, c’est ma manière de militer quand d’autres personnes font de la formation militante. D’autres font du média, cassent des abribus, font du tag, s’organisent dans des groupes affinitaires d’actions directes ou que cela soit en Black Block…C’est plein de méthodes pour militer. Il y a la « legal team » avec des juristes. Maintenant et il y en a de plus en plus et c’est très chouette, je le mets en avant des : care teams. Des gens qui organisent des endroits pour calmer le stress, la peur des gens après une manifestation. Pour parler collectivement, etc. Ce sont des manières de s’organiser et le street médic est une de ces manières. Mais on reste avant tout des militants. Non, on ne va pas soigner les flics.

Le street médic est une pratique politique. Ce n’est pas le cas de tous les collectifs street médics. Ça crée une division.

Le LBD [Le Flash-Ball est un lanceur de balle de défense] avant d’éborgner des Gilets Jaunes en manifestations, il a éborgné des jeunes dans les quartiers populaires, dans les banlieues françaises…La violence policière, elle fait beaucoup parler quand il s’agit – et je ne les remets pas du tout en cause – des canons à eau pour les militants d’« Extinction Rebellion » sur la place Royale ou quand on gaze et que l’on matraque des activistes pacifistes devant le siège du « Cercle de Lorraine  » [est LE cercle d’affaires de référence à Bruxelles]. Là, on en parle. Et on a raison d’en parler parce que ce n’est pas normal. Mais, il ne faut pas oublier que derrière ça, la plus grosse partie des violences policières dont on ne parle jamais est dans les quartiers populaires, les personnes les plus précarisées, les migrants, les personnes racisées…Et là, je fais appel aux camarades d’« Exctinction Rebellion », tous ces mouvements qui ont plus de visibilité : « À chaque fois que vous dénoncez les violences policières auxquelles vous êtes confrontés – et vous avez raison de les dénoncer – ayez une pensée, n’oubliez pas de souligner qu’il y a aussi des violences policières qui sont invisibles en fait. »

Le gaz lacrymogène a été inventé par l’armée française pour être utilisé dans les colonies. Le Flash-Ball [LBD] a été inventé pour être utilisé dans les colonies. Et maintenant, ils se ramènent en maintien de l’ordre. Et on voit dans un documentaire qui est très bien fait de « Street Press » le cheminement du Flash-Ball. Il faut croire que tirer sur des Algériens est moins grave et donc, on peut le faire avec plus de violences. Puis, il [Flash Ball] a été ramené dans les quartiers populaires. Dans les banlieues françaises. Et il a aussi été testé sur les supporters de foot par exemple…

GERMAIN