LA LOI QUI RÉGIT LES DROGUES EN BELGIQUE A 100 ANS ET IL EST GRAND TEMPS QU’ELLE S’ADAPTE AU RÉEL.

J’ai un comportement qui n’est pas accepté par la société, qui est mal vu, que je n’ose pas exprimer à mes parents, ma famille, etc., et j’ai quand même envie d’en discuter avec des gens. Des gens qui ont de l’expérience, qui connaissent des choses, qui peuvent me prévenir. C’est ça qui m’a plu ici.

L’idée de cet endroit est d’accompagner les jeunes ou les consommateurs de drogues avec un autre point de vue.

Ici, on n’est pas là pour se défoncer ensemble, mais peut-être qu’on va aborder les choses d’un point de vue plus scientifique. Analyser la toxicologie des différents produits. Quels sont les effets sur le corps en termes physiques et physiologiques ? Il y a plein de choses dont on peut discuter avec des gens qui étudient le sujet et qui s’intéressent. C’est quoi la drogue dans la société ? Quel est l’impact chez les gens ? Quel est l’impact d’interdire ces différentes substances et pourquoi les consommateurs doivent-ils se cacher ? Je crois qu’on n’est pas là, pour se droguer – moi, je ne me suis jamais drogué ici – mais c’est juste essayer d’aborder les choses d’un point de vue un peu construit avec des gens qui sont payés pour informer, conseiller, accompagner. Faire les choses de manière structurée.

C’est une opposition au niveau du parcours. Les gens qui vont aux Alcooliques Anonymes, ils ont l’ idée d’arrêter et de ne plus jamais consommer. Tandis que la réduction des risques : c’est plutôt consommer bien et accompagner la personne peut-être dans son addiction si elle en a une. Et accompagner la personne même si elle n’en a pas.

L’alcool est une drogue quoiqu’on en dise. L’alcool apporte des dépendances physiques qui sont très graves. Une fois qu’on est dépendant physiquement et que l’on décide d’arrêter d’un coup, cette dépendance entraîne des séquelles physiques. J’ai été dépendant physiquement à l’héroïne, je sais très bien ce que c’est d’arrêter et d’avoir ces problèmes. Donc, des problèmes intestinaux, des fièvres, des maux de tête, des migraines… Et l’alcool, ça apporte ça aussi. L’alcool peut tuer juste parce qu’on arrête l’alcool tout d’un coup, parce qu’on est addict.

La plupart des drogues – à part l’héroïne, la cocaïne qui elles apportent vraiment des manques physiques – la plupart des drogues n’apportent pas ces manques en fait. C’est surtout des manques psychologiques dus à la fête, dus à l’envie de s’amuser et tout ça.

Au début ça a toujours été – comme partout en Belgique – très tabou dans ma famille de prendre de la drogue. Mais je me suis rendu compte par moi-même que l’alcool est beaucoup plus problématique que la drogue. Moi, l’alcool m’a « brouillé » complètement de ma famille, de mes amis parce que j’avais des problèmes de comportements complètement abusifs. Le moindre petit verre en trop me faisait péter un câble. Chose que je n’ai jamais eue avec mes prises de drogue. Jamais je n’ai été violent ou jamais je n’ai perdu ma conscience ou ma propre volonté avec la drogue. Non, non, non ça a toujours été l’alcool. L’alcool ça m’a fait ça, mais pas la drogue.

Prendre de la drogue malgré le fait que ça n’a pas de conséquences aussi graves que l’alcool, bin, tu t’enfermes dans une psychose qui est que « c’est pas bien » parce que c’est rejeté par la société donc, tu as peur d’être rejeté par la société et par ta famille et tes amis alors que si tu prends de l’alcool c’est beaucoup plus problématique, mais ta famille va moins te rejeter que si tu prends de la drogue. Chose qui est complètement paradoxale en fait.

Dans un monde idéal, ce ne serait pas de légiférer, d’autoriser ou de vendre ou de distribuer ou d’interdire, ce serait plutôt d’être transparent. De pouvoir connaître, de savoir, de gérer en fonction. Alors, de connaître les substances ne suffit pas. Il faut aussi se connaître soi-même parce que tout le monde est différent. Les personnes ne vont pas gérer de la même manière. L’ « aller » ne va pas les amener à la même destination. Même chose pour le voyage « retour ». Ça, c’est aussi à savoir et à dire.

HENRI, CAMILLE, CÉLINE, HOTEMAN, CHRIS, DAVID, SHERLEY ET ILLIA